IMPARFAIT2, subst. masc.
Étymol. et Hist. xives.
prétérit imperfet (Ms ds
Thurot, p. 204);
ca 1543
passé imparfait (
Bonivard,
Gramm. all., B, 25 v
ods
FEW t. 4, p. 586 a); 1596
temps imparfait (
Hulsius,
ibid.); 1606 p. ell.
imparfait subst. (J.
Masset,
Acheminement à la langue fr., p. 11 ds
Nicot : Le passé se divise en
imparfait, aoriste simple, parfait...). Empr. au b. lat.
praeteritum imperfectum « prétérit imparfait » (
iiies. ds
TLL), lat. médiév.
preteritum imperfectum (
xiiies. ds
Thurot, p. 339). V.
prétérit et
imparfait1.
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Histoire :
C. 1. prétérit imparfait loc. nom. masc. « temps verbal du passé présentant le procès comme non accompli » (grammaire). Attesté depuis début 14e siècle (DonatgS, page 93, § 29 : A quoi congnois tu la premiere [conjugaison] ? A ceu qu'elle a a lonc devant re en present et en preterit imparfet del infinitif muef, si comme amare). Les dictionnaires contemporains continuent à citer cette locution (cf. Robert3 2001 s.v. prétérit : Vx. Prétérit imparfait : imparfait), mais elle est entièrement sortie de l'usage : la dernière attestation textuelle remonte à 1789 (Encyclopédie Méthodique, Grammaire s.v. imparfait : Adjectif employé quelquefois comme tel en Grammaire, avec le nom de Prétérit, & quelquefois employé seul & substantivement ; ainsi, l'on dit le Prétérit imparfait ou l'Imparfait). -
C. 2. passé imparfait loc. nom. masc. « temps verbal du passé présentant le procès comme non accompli » (grammaire). Attesté de ca 1540 (Bonivard, Grammaire, in FEW 4, 586a) à 1902 (Larousse2 s.v. imparfait : Gramm. Temps du verbe qui sert à indiquer une action passée comme contemporaine d'une autre action passée : L'imparfait de l'indicatif. L'imparfait du subjonctif || Adjectiv. Prétérit ou Passé imparfait, Nom que l'on donne quelquefois au même temps). -
C. 3. temps imparfait loc. nom. masc. « temps verbal du passé présentant le procès comme non accompli » (grammaire). Attesté de 1586 (Bosquet, Elemens, page 86 : Temps imparfait i'escoutois) à 1771 (Trévoux8 s.v. imparfait : J'aimois, je lisois, ce sont des temps imparfaits de ces verbes ou simplement des imparfaits). -
A./B. imparfait subst. masc. « temps verbal du passé présentant le procès comme non accompli » (grammaire). Attesté depuis 1596 (Hulsius1, Introduction grammaticale : Des Verbes […] Present. Die zeit die jetze da ist / als : Je mange, ich eß. / Imparfait. Zeit die halb fürüber ist / Je mangeoye, ich aß / Indiffinit. Zeit so auch fast fürüber / Je mangeay, ich aß / Parfait. Zeit die gar fürüber ist / J'ai mãgé, ich hab gessen. / Advenir. Zeit so noch zukünftig ist / Je mangeray, ich werde essen). Première attestation dans une grammaire française : 1606 (Masset, Acheminement, page 11 : Nos verbes ont cinq modes. Indicatif, imperatif, optatif, subiunctif, & infinitif : Trois temps principaux, present, passé & futur. Le passé se diuise en imparfait, aoriste simple, parfait, plus que parfait, aoriste composé, & parfait, tres‑parfait). -
Origine :
C. Transfert linguistique : calque du latin praeteritum imperfectum loc. nom. neutre « temps verbal du passé présentant le procès comme non accompli » (attesté depuis Donat, TLL 10/2, 1018, s.v. praetereo). À partir de ce calque (C. 1.), le français de la Renaissance a tenté à deux reprises, à travers les transpositions passé imparfait (C. 2.) et temps imparfait (C. 3.), de rapprocher le terme technique de la langue générale. Cf. von Wartburg in FEW 4, 586a, imperfectus 1 ; prétérit*, passé* et temps*.
A./B. Formation française : ellipse de prétérit imparfait (ci‑dessus C. 1.). Cette hypothèse paraît plus probable que celle d'une ellipse de passé imparfait (ci‑dessus C. 2.) ou de temps imparfait (ci‑dessus C. 3.), car c'est prétérit imparfait qui était la désignation la plus usuelle au 16e siècle (cf. par exemple Meigret, Traité [1550], page 69 ; Estienne, Traicté [1557], page 68 ; ou La Ramée, Grammaire1 [1572], page 88 pour la tradition grammaticale et Léry, Histoire [1580], page 501 pour la langue générale), même si l'on trouve aussi occasionnellement passé imparfait (Bosquet, Elemens [1586], page 102 et ci‑desssus C. 2) et temps imparfait (cf. ci‑dessus C. 3). Il est vrai que la première attestation actuellement connue de l'ellipse se trouve chez Hulsius1, qui utilise aussi temps imparfait (Introduction grammaticale), mais il est extrêmement peu probable que la création soit née sous la plume du lexicographe : seul le milieu créateur des pédagogues et des grammatographes explique la diffusion et le maintien de l'ellipse dans la tradition grammaticale.
Rédaction TLF 1981 : Jean-Loup Ringenbach. - Mise à jour 2008 : Ludovic Holbecq ; Aurélie Merlo.. - Relecture mise à jour 2008 : Marta Andronache ; Éva Buchi ; Jean-Pierre Chambon ; Franz Rainer ; Jean-Loup Ringenbach ; Thomas Städtler ; Gilles Petrequin.