IDÉE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. a) 1119
idees « formes des choses présentes de toute éternité en Dieu » (
Ph. de Thaon,
Comput, éd. E. Mall, 1523); 1370-72
ydee « archétype commun constituant la notion générale d'une espèce; notion intellectuelle préexistante d'un être ou d'un objet particulier » (
Oresme,
Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 113);
b) 1458
ydees « types, préexistant dans notre intention, d'une action que nous ferons plus tard » (A.
Greban,
Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, 48); 1670 « projet, dessein » (
Molière,
Amants magnifiques, av.-pr.);
2. a) 1487 « forme ou image » (
Vocabulaire latin-français, Loys Garbin,
s.v. idea);
b) 1552 « image d'un objet ou d'un être, telle que les sens la perçoivent » (
Ronsard,
Les Amours, 13 ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, IV, p. 30);
c) 1564 « image de quelque chose ou de quelqu'un, telle que l'esprit la conserve dans le souvenir et se la représente par l'imagination » (
Thierry);
3. a) 1583 « représentation, en tant qu'objet de pensée, d'un être ou d'une chose dans notre esprit, quelle que soit l'origine de cette représentation (Ph.
Desportes,
Elégies, éd. V. E. Graham, II, 5);
b) 1656 « ensemble de pensées et de jugements appliqué à un ou plusieurs objets et constituant une opinion plus ou moins motivée » (
Pascal,
Provinciales, XIV ds
Œuvres compl., éd. L. Lafuma, p. 439b).
B. a) 1616
par idee « de façon imaginaire » (A.
d'Aubigné,
Tragiques, éd. A. Garnier et J. Plattard, II, p. 86, 1178);
b) 1643
en idée « id. » (P.
Corneille,
La suite du Menteur, II, 1). Du lat.
idea « idée [de Platon], type de choses » en lat. tardif « forme visible » d'où 2, lui-même empr. au gr. ι
̓
δ
ε
́
α proprement « forme visible, aspect » d'où « forme distinctive, espèce », qui se rattache à ι
̓
δ
ε
ι
̃
ν (comme le lat.
species à
spectare), inf. aoriste
2de ε
ι
̃
δ
ο
ν « voir »; pour l'hist. de ce mot v.
FEW t. 4, pp. 532-535.