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HYPOSTASE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1398 méd. ypostasie (Somme Me Gautier, B.N. 1288, fo125a ds Gdf. Compl.); 1575 hypostase (Paré, Œuvres, livre XXVI, chapitre 14, éd. J.-F. Malgaigne, t. 3, p. 615); 2. 1541 théol. (Calvin, Institution chrétienne, livre I, chapitre 13, éd. J.-D. Benoit, t. 1, p. 146); 3. 1926 philos. (Lalande); 4. 1933 ling. (Mar. Lex.). Empr. au gr. υ ̔ π ο ́ σ τ α σ ι ς « action de se placer en dessous » d'où « support; sédiment, dépôt » en médecine, et en philos. « substance, c'est-à-dire réalité »; le sens 2 est empr. au lat. eccl. hypostasis désignant les trois personnes divines dans la Trinité en tant qu'on les considère comme substantiellement distinctes.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
I. A. « sédiment dans un liquide organique ». Attesté depuis ca 1280 [dans une traduction du latin] (MahArE in DEAF I 409, 30 : Et ce voion nous bien en la chaus et en la cendre et en l'ipostase du boire et du mengier, c'est a dire en la fiente et en l'orine). Première attestation de la graphie moderne : 1552 (Rabelais, Quart Livre, chapitre 17, page 98, ligne 14 : les chauldrons et marmites avoit assez bien digeré [le géant Bringuenarilles], comme disoient congnoistre [les médecins] aux hypostases et eneoremes [« ce qui flotte à la surface d'un liquide »] de quatre bussars [« sorte de tonneau »] de urine qu'il avoit à ce matin en deux foys rendue). - 
I. B. « accumulation de sang dans les parties déclives du corps ». Attesté depuis 1862 [dans une traduction de l'allemand] (Casper, Traité, chapitre 2, page 13, in Gallica : Hypostases sanguines. Le sang s'accumule dans les capillaires, d'après les lois physiques de la pesanteur. Par cette raison, l'hypostase se trouve aux parties déclives du cadavre, qui sont ordinairement toute la surface postérieure, le dos, les fesses, les mollets). Cependant, ce sémantisme est attesté indirectement dès 1833, dans la terminologie médicale, par le dérivé hypostatique*. - 
II. B. « chacune des trois personnes divines ». Attesté depuis ca 1477/1481 [dans une traduction du latin] (HugRipM2, page 37 = DMF2 : Et come les Grecs dient que le Pere, le Filz et le Saint Esperit sont trois ypostases, ainsi selon le latin nous disons qu'ilz sont trois substances ou subsistences, c'est a dire trois choses, trois ypostases qui n'ont necessité ne affaire d'aultre chose par laquelle elles soient). Première attestation de la graphie moderne : 1541 (Calvin, Institution, volume 1, page 146, livre 1, chapitre 13 : Certes, quand l'Apostre nomme Iesus Christ Image vive de l'hypostase de son père [Héb. I, 3], il attribue à chacun quelque hypostase, en laquelle il diffère l'un d'avec l'autre). - 
II. A. « essence d'être ». Attesté depuis 1846 (Proudhon, Contradictions, volume 1, page 33, in Frantext : Pour penser avec grandeur et netteté, il faut que l'homme dédouble sa nature et reste sous son hypostase masculine). - 
III. « recatégorisation d'une unité lexicale, conversion » (grammaire). Attesté depuis 1927 (Karcevski, Système, page 33 = DDL 26 : Les transpositions grammaticales [on les appelle aussi "hypostases"] sont en théorie limitées par le nombre effectif des valeurs sémiologiques formelles). Au vu de la documentation consultée, ce sens semble vieilli. - 

Origine :
I. A. Transfert linguistique : emprunt au latin hypostasis subst. fém. « substance, sédiment dans un liquide organique (généralement en parlant de l'urine) » (attesté depuis le 6e siècle [traduction d'Oribase, médecin grec], TLL 6/3, 3159), lui‑même emprunté au grec ύπόστασις subst. fém. « sédiment, dépôt » (attesté depuis Aristote, Liddell‑Scott). Le mot a été introduit en français par l'intermédiaire de traductions latines de traités de médecine en langue grecque. Cf. Bossard in FEW 4, 527a, hypostasis 1 ; Städtler in DEAF I 409, s.v. ipostase.
I. B. Transfert linguistique : calque de l'allemand Hypostase subst. fém. « accumulation de sang », terme employé par le médecin légiste prussien Johann Ludwig Casper (1796—1864) dans son ouvrage Praktisches Handbuch der gerichtlichen Medicin paru en 1857/1858 (cf. Casper, Handbuch, page 25). On ignore le rapport étymologique éventuel entre le terme allemand et l'anglais hypostasis subst. « id. » (attesté dès 1855, OED2).
II. A./B. Transfert linguistique : emprunt au latin ecclésiastique hypostasis subst. fém. « nature, essence divine ; personne de la Trinité » (attesté depuis saint Jérôme, TLL 6/3, 3159), lui‑même emprunté au grec ύπόστασις subst. fém. « nature réelle, essence » (attesté depuis l'Épître aux Hébreux [où le fils de Dieu est appelé χαρακτὴρ (« représentation ») τῆς ύποστάσεως de son père], Liddell‑Scott). Le terme ύπόστασις, utilisé par les Pères grecs de l'Église, est abandonné par l'Église de Rome et remplacé par celui de persona (la Trinité comporte trois personae). Cf. Bossard in FEW 4, 527a, hypostasis 2/3 ; Städtler in DEAF I 409‑410 ; Lalande, Philosophie.
III. Formation française : confixé formé du confixe hypo‑ * et du confixe ‑stase* , forgé sur le modèle des composés grecs . Cette étymologie est suggérée par Marouzeau, Lexique, s.v. (terme de la grammaire traditionnelle employé pour désigner la substitution [gr. hypo‑stasis] d'une catégorie grammaticale à une autre, p. ex. quand en latin d'une locution pro portione on tire un substantif proportio). Cf. aussi Cottez4 s.v. hyp(o)-1 et ‑stase1 ; OED2 (sens linguistique, mais autre sémantisme, attesté depuis 1933).


Rédaction TLF 1981 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2006 : Aurore Koehl ; Nadine Steinfeld.. - Relecture mise à jour 2007 : Gilles Roques ; André Thibault ; Frank Darwiche ; Jean-Loup Ringenbach ; Éva Buchi.