HONNEUR, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. a) 2
emoitié
xes. « marque de vénération, de considération, d'honneur » (
S. Léger, éd. J. Linskill, 2 [sing.], 7 [plur.]);
b) 1835
Votre Honneur (en Angleterre) titre donné par respect à certaines pers. de qualité (
Ac.);
2. mil.
xies. « considération, estime, haut crédit dont on jouit » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 69); 1679
faire honneur à la lettre [de change] « se montrer digne de la considération dont on jouit en s'acquittant de ses obligations » (
Savary Des Bruslons,
Parfait négociant, I, p. 147 ds
Kuhn, p. 139);
3. ca 1100 « sentiment qu'on a de sa dignité » (
Roland, éd. J. Bédier, 533); spéc. à propos d'une femme
ca 1145 « sagesse du maintien, de la conduite » (
Wace,
Conception N.-D., 607 ds T.-L.);
ca 1170 (M.
de France,
Lais, Milun, éd. J. Rychner, 58 : [
la demeisele] S'
onur e sun bien ad perdu).
B. 2
emoitié
xes. « office, charge » (
S. Léger, éd. citée, 120);
ca 1100 « domaine, possession, fief » (
Roland, éd. citée, 315). Du lat. class.
honos, honoris, masc. « honneur rendu aux dieux, décerné à qqn, marque de considération; charge, magistrature, fonction publique »; à l'époque médiév.,
honor désigne surtout la charge octroyée par le roi au comte, au duc, aux officiers royaux (dep. le
vies. ds
Nierm., § 8); ces fonctions entraînant la concession de revenus fonciers, l'
honor finit par se confondre avec le
beneficium; devenu héréditaire, il tend naturellement à désigner le fief (dep. le début du
ixes.,
ibid., § 14;
v. Hollyman, pp. 33-37; F.-L.
Ganshof,
Qu'est-ce que la féodalité?, pp. 77, 79 et 153-154; R.
Boutruche,
Seigneurie et féodalité, t. 2, pp. 263-64). − A 1 b est le calque de l'angl.
Your Honour, appellation d'une pers. de qualité, de haut rang (dep. 1553 ds
NED), notamment, à l'époque mod., de certains officiers, entre autres des juges des cours comtales. L'a. fr.
onor, enor, eneur (la plupart du temps fém. d'apr. le genre des mots en
-eur) est ultérieurement devenu
honneur p. réfection étymologique.