HEURTER, verbe
Étymol. et Hist. I. Verbe intrans.
a) 1119
hurter « entrer rudement en contact avec » (
Ph. de Thaon,
Comput, éd. E. Mall, 1494);
b) ca 1135
hurter a la porte (
Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 433-434);
c) fig.
ca 1180
hurter « contrecarrer » (G.
de Berneville,
Gilles, éd. G. Paris et A. Bos, 3478);
d) 1752
dessein heurté peint.
(Trév.). II. Verbe trans.
a) ca 1160
hurter « rentrer rudement en contact avec » (
Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 5743); fin
xives.
heurter (
Geu St Denis, éd. B. J. Seubert, 411);
b) fig.
ca 1280
hurter « contrecarrer, contrarier quelqu'un » (
Clef d'amour, éd. A. Doutrepont, 306); 1668
heurter de front (
Molière,
L'Avare, I, 5).
III. Verbe pronom.
1. réfl.
ca 1170
soi hurter a « se cogner à » (
Béroul,
Tristan, éd. E. Muret
4, 4482);
2. réciproque
a) 1155
sei entrehurter (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 2460);
b) av. 1662
se heurter « se contrarier mutuellement » (
Pascal ds
Lar. 19e);
c) 1752
couleurs qui se heurtent peint.
(Trév.). Prob. dér. de l'a. b. frq.
*hûrt que l'on peut restituer d'apr. l'a. scand.
hrûtr « bélier » [le verbe aurait donc signifié proprement « cogner à la façon d'un bélier »]; dés.
-er. La forme
heurter, attesté dep. la fin du
xives., a triomphé au
xvies. (
cf. heurt, heurtement, heurtoir attestés tous les trois d'abord avec la voyelle
-u-), époque où
u s'est ouvert en
oe devant
r, surtout en Picardie, mais aussi à l'Est et à l'Ouest (v.
Fouché, p. 350).