HASARD, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1150
hasart « jeu de dés » (
Everard de Kirkham,
Distiques de Caton, éd. E. Stengel, p. 115, n
o23);
2. a) 1200
hasart « un certain coup au jeu de hasard » (J.
Bodel,
Jeu de Saint Nicolas, éd. A. Henry, 1110 et v. note pp. 241-243);
b) 1
erquart du
xiiies. fig. « mauvais coup » (
Reclus de Molliens,
Miserere, CCXXI, 3 ds T.-L. : Mors au pekeour
hasart fait).
B. 1. xves.
hazard « risque, danger » (
Songe doré de la pucelle ds
Anc. poésies fr., t. 3, p. 213);
2. début
xvies.
hazart « cas, événement fortuit » (J. D'
Auton,
Chronique, éd. R. de Maulde de La Clavière,
Soc. Hist. de Fr. II, 286 ds
Gdf.
Compl.); 1532
hasart adv. « fortuitement, par hasard » (
Dialogue de Mallepaye et Baillevant ds F.
Villon,
Œuvres complètes, éd. P. L. Jacob, p. 331).
C. Av. 1573
hasard « cause attribuée aux faits dont on ignore la cause réelle » (E.
Jodelle,
Didon ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 191 : le butin que le
hasard nous donne). Empr. à l'ar. pop.
az-zahr « le dé à jouer » (
az est la forme assimilée de l'art.
al devant
z) par l'intermédiaire de l'esp.
azar « coup défavorable au jeu de dés; sorte de jeu de dés » (1283 d'apr.
Cor. et
FEW t. 19, p. 205b), avec un
h- dû au fait qu'au Moy. Âge, les mots à initiale vocalique, et particulièrement les mots étrangers, étaient souvent écrits avec un
h- (FEW). À l'étymon ar.
az-zahr, on peut objecter que le sens de « dé à jouer », non attesté en ar. class., est « relativement moderne » (
Lammens; v. aussi
Devic,
Klein Étymol. et
Lok. n
o2186), aussi
Cor. propose-t-il de partir du sens de l'ar. class.
zahr « fleur », parce qu'une fleur aurait été représentée sur l'une des faces du dé. On a aussi proposé un autre étymon : l'ar.
yasara « jouer aux dés » (
Klein Étymol.) ou
yasar « groupe de joueurs de dés », dér. de ce même verbe attesté en ar. class. (
Lok. n
o2186).