GÉNIE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. 1532 « caractère, tendance naturelle de l'esprit » (
Rabelais,
Pantagruel, VI, éd. V. L. Saulnier, pp. 33-34); 1789 péj.
avoir le génie de l'inaction (
Staël,
Lettres jeun., p. 460);
2. 1637 « aptitude particulière, accompagnée d'une grande puissance créatrice » (
Chapelain,
Les Sentiments de l'Académie sur la Tragi-Comédie du Cid ds
Z. rom. Philol. t. 66, p. 186); 1697 « homme de génie » (
Bayle, cité par H.
Sommer,
Génie, Beiträge zur Bedeutungsgeschichte des Wortes d'apr.
FEW t. 4, p. 105b);
3. 1641 « caractère propre (ici d'un peuple) » (
Corneille,
Cinna, II, 1).
II. 1. 1571 « esprit bon ou mauvais qui, dans la croyance des Anciens, présidait à la vie de chaque homme » (
Ronsard,
Poëmes, L. II, éd. P. Laumonnier, X, 303, 78); d'où 1637 « être mythique bon ou mauvais qui influe sur la destinée » (
Malherbe,
Epitre, 41, éd. Ad. Régnier, II, 411 : c'est le fait du bon
génie ou d'une vertu divine qui est dans l'homme de bien); 1689 (M
mede Sévigné,
Lettres, éd. M. Monmerqué, IX, 144 : il assure que vous êtes son bon
génie);
2. 1704 sculpt. (
Trév. : figures d'enfans aîles, avec des attributs, qui servent dans les ornemens à representer les vertus, et les passions);
3. 1791 « être surnaturel doué d'un pouvoir magique » (
Volney,
Ruines, p. 305 : Le
génie du mal Ahrimane, figuré par la constellation du serpent).
III. 1. Av. 1708 « art de fortifier » (
Vauban,
Mémoire pour servir d'instruction dans la conduite des sièges ds
Fr. mod. t. 17, p. 67);
2. 1835
génie militaire (
Boucher);
3. id. génie des Ponts et Chaussées (ibid.). Empr. au lat.
genius « démon tutélaire qui préside à la conception, donc à la destinée d'un homme »; le sens de « caractère » est attesté dès le lat. du Bas Empire (
TLL s.v., VI, 2, 1831). Le sens III est dû à l'infl. de
ingénieur*.