GOUFFRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « abîme, cavité béante où l'on risque d'être englouti » (B.
de Ste-
Maure,
Troie, 28881, ds T.-L. : Al
gofre e al sorbissement); en partic. 1538 « tourbillon » (
Est.);
cf. 1774-79
le gouffre... de la mer de Norvège (
Buff.,
Théorie de la terre, Preuves, art. XV ds
Littré);
2. a) ca 1330 fig. « ce qui, comparé à un gouffre, engloutit comme lui; ici gorge, gosier » (G.
de Digulleville,
Pelerinage vie hum., 10479 ds T.-L.);
b) fin
xives. « personne qui engloutit de grandes quantités de nourriture » (E.
Deschamps,
Œuvres, II, 53, 6,
ibid.);
c) av. 1525 « chute, situation déplorable, état de perdition dans lequel on tombe » (J. Lemaire ds
Palsgr., p. 63);
d) 1611
un gouffre d'argent (
Cotgr.). Du gr. κ
ο
́
λ
π
ο
ς « pli, creux » d'où « golfe, repli de la côte » quelquefois « vallée », empr. tardivement (
ives.) par le lat. sous la forme
colpus, colfus (forme vulg.); on peut donc penser que le fr. ne tient pas le mot du lat. mais des Grecs de la côte méditerranéenne : le
f s'expliquerait comme un traitement hypercorrect du π devenu φ (en réaction contre le phénomène illustré par
enter*).