GELÉE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) ca 1100 « givre, glace » (
Roland, éd. J. Bédier, 3319 : blanches [barbes] cume neif sur
gelee);
b) 2
emoitié
xiiies.
blanche jalee ([
Ellebaut],
Anticlaudien, 1059 ds
DEAF, 435); 1552
gelée blanche (
Est. s.v. pruina);
2. a) ca 1393 art culin.
gelees de poisson (
Ménagier, II, 93 ds T.-L.); 1605 [éd.]
gelées ... du coin (O.
de Serres, 867 ds
Littré); 1825 « entremets »
ces gelées succulentes ... ces glaces variées (
Brillat-
Sav.,
Physiol. goût, p. 393);
b) 1805 « tout corps de consistance gélatineuse » (
Cuvier,
Anat. comp., t. 2, p. 179);
3. 1775 zool.
gelee de mer (
Encyclop. t. 11,
s.v. orties de mer). Du lat. tardif
gelata, part. passé fém. subst. de
gelare (v.
geler),
viiies. ds
Die Reichenauer Glossen, éd. H. W. Klein, L. 1146 : Pruina, gelata.
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
0. « givre, glace ». Attesté de ca 1100 (RolB, vers 3319 = RolS2, volume 1, vers 3319 = DEAF G 435, 31 : Il [Charlemagne] est darere [« en arrière »] od cele gent barbee [« troupes barbues »] : Desur lur bronies [« cuirasses »] lur barbes unt getees Altresi blanches cume neif sur gelee) à ca 1300 (JacBaisT, page 65, vers 48 = TrouvBelg1, 176, 48 in DEAF G 435, 34‑35 = GdfC : De galee et de noif se trueve Tant blanc, car ilh [le chevalier] n'a autre tente Contre soleil, contre tormente Ke son escut, dont ilh se cuevre). Ce sémantisme est clairement à distinguer du sens abstrait (A.). -
A. 1. « état de la température où l'eau se solidifie ». Attesté depuis 1ère moitié 12e siècle (PsOxfM, psaume 77, verset 52 : E ocist en grisille les lur vignes, e les moriers d'els en geleda). -
A. 2. « congélation de la rosée ». Attesté depuis 3e quart 13e siècle [dans la locution verbale estre blanche gelee « ne servir à rien »] (AnticlC, vers 1059, in DEAF G 435, 52 : Lasse, fet ele, bien savoie, Avant que trovasse l'entree, Que ce seroit blanche jalee Et que tout iroit a noiant). -
A. 3. gelée blanche « congélation de la rosée ». Attesté depuis 1552 (Estienne, Latin7 s.v. pruina : Cana pruina. Virgil. Gelee blanche). -
B. 0. « suc de substance animale ». Attesté depuis ca 1393 (MenagB, page 179, § 38 = TL 4, 227 : gelees de poissons). -
B. 1. a. « jus de fruits cuit avec du sucre ». Attesté depuis 1553 (Comptes D 227 [= ?], in GPSR 8, 207b et Rapport GPSR 101/102, 12 : six boytes de gellées de cuing). -
B. 1. b. « entremets à base de gélatine et suc de fruits cuit avec du sucre ». Attesté depuis 1825 (Brillat‑Savarin, Goût, page 393 : ces gelées succulentes […] ces glaces variées). -
B. 2./ 3. « corps de consistance gélatineuse (en général) ». Attesté depuis 1765 [et non 1775, comme l'indique à tort le TLF] (Encyclopédie, volume 11, page 674b s.v. orties de mer : Les orties que M. de Réaumur appelle gelée de mer […] sont d'une substance très‑molle, qui a ordinairement la couleur & toujours la consistance d'une vraie gelée : si on prend un morceau avec les doigts, la chaleur seule de la main suffit pour dissoudre cette substance, comme une gelée de bouillon qu'on mettroit sur le feu). -
Origine :
Formation française : dérivé du verbe geler* à l'aide du suffixe -ée (-é, -ée*). Cette dérivation est sans doute très ancienne, puisqu'elle est déjà attestée indirectement, en latin médiéval, dès le 9e siècle (GlReichK [gelata], DEAF G 434, 57). Cf. von Wartburg in FEW 4, 86b‑88b, gelare I ; Juneau in DEAF G 434‑436.
Rédaction TLF 1981 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2005 : Nadine Steinfeld ; Armelle Evrard. - Relecture mise à jour 2005 : Gilles Roques ; Thomas Städtler ; Jean-Loup Ringenbach ; Éva Buchi.