GASPILLER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1549 (
Est.).
Gaspiller est prob. issu du croisement de
gaspailler, terme dial. de l'Ouest (Nantes,
Few t. 14, p. 195a) « rejeter les balles de blé » puis « répandre la paille (du blé) » avec le prov.
gaspilha « grapiller, gaspiller » (
Mistral),
cf. le m. fr.
gapiller (1578, La Boderie ds
Gdf.
Compl.).
Gaspailler est dér. de l'a.fr.
*gaspail, attesté dans le syntagme
jeter à waspail (forme hypercorrecte de la région picarde ou influencée par
waster [
gâter*]) « gaspiller » (
ca 1200, J.
Renart,
L'Escoufle, éd. F. Sweetser, 1517),
cf. lat. médiév.
vaspale « balles de blé » (1194),
gaspalium (1121 Le Mans ds
Du Cange,
s.v. gaspaleum), wallon de Jalhay et de Sart-lez-Spa [sud de Verviers, Belgique]
wèspa (équivalant à
wespail) « déchets de paille, faisceau de déchets » (E. Legros ds
Mél. Roques (M.) t. 4, 1952, pp. 164-165), poit.
gaspailles « balles de blé rejetées par le van » (1516 ds
Gdf.).
*Gaspail est dér. d'un type
*waspa « déchets » (
cf. l'a. prov.
gaspa « fromage de [petit] lait caillé » 1450,
Pansier, t. 3), d'orig. discutée. Pour
FEW, loc. cit., p. 196 ab (v. aussi
Bl.-W.
5;
DEAF, s.v. gaspail) reprenant l'hypothèse de J.V. Hubschmied (ds
Festschrift L. Gauchat, 1926, pp. 435-38),
*waspa serait un mot gaulois signifiant « nourriture » puis seulement « nourriture du bétail, déchet » (de
*wes- « nourrir », avec suff.
-pa), auquel se rattacherait un type secondaire
*kaspa (par croisement avec des mots sémantiquement voisins), base de mots désignant différentes sortes de déchets dans la Péninsule Ibérique, l'Italie du Nord, la Corse, la Sicile, le Pays basque. Pour
Hubschmid fasc. 1, p. 26,
*waspa serait un mot de formation préromaine étymologiquement différent du type
*kaspa, tous deux étant seulement formés à l'aide du même suff. préindo-européen,
p- ayant ici valeur diminutive.