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FUTÉ1, ÉE, adj.
Étymol. et Hist. 1645 (Corneille, Suite du Menteur, II, 7). Part. passé adjectivé de se futer av. 1621 « s'instruire par l'expérience [en parlant d'un animal, qui ayant manqué d'être capturé, sait esquiver les pièges] » (Du Vair, Actions et traictiez oratoires, Remonstr. aux habit. de Marseille, p. 190-91 ds Hug. : Les plus stupides bestes..., estans une fois eschapées du piège, se futent et n'y retornent plus), pour l'orig. duquel 2 hyp. ont été avancées : 1) ce verbe serait une forme dial. de l'Ouest pour *se fuiter, dér. de fuite* (FEW t. 3, p. 838b; Bl.-W5; cf. les formes agn. du type futif [a. fr. fuitif « fugitif »] 1remoitié xiiies., Ste Modwenne, 8350, 8448 ds T.-L., et xives. ds Gdf.); 2) ce verbe serait issu de l'a. fr. fuster (dér. de fust, fût* « morceau de bois, bâton, trique ») « battre » (1174-77, Renart, éd. M. Roques, 6639), « tromper » (début xiiies., R. de Houdenc, Veng. Raguidel, 4950 ds T.-L.; ce dernier sens étant prob. issu de celui de « maltraiter, abuser », cf. dauber2), d'où futé « instruit par une expérience malheureuse, ayant acquis la rouerie nécessaire pour esquiver les mauvais coups »; cette évolution sém. se serait faite à partir du vocab. rural (cf. norm. [Manche] cheval fûté « cheval brutalisé, devenu méchant ») et du vocab. cynégétique (cf. Jônain : Fûter : faire venir à l'appeau le gibier et ne pouvoir ou ne vouloir le prendre), v. DG; L. Spitzer ds Mod. Lang. Notes, t. 59, 1944, pp. 233-235; EW F S2; R. Lepelley, Parler norm. du Val de Saire, p. 334, § 482, note 47; cette 2ehyp. paraît préférable à la 1resi l'on admet que malgré la chronol. futé a précédé se futer.