FORCE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « (d'une personne) énergie, vigueur physique »
ma force e ma baldur (
Roland, éd. J. Bédier, 2902);
b) ca 1135 « faculté morale, pouvoir capable de produire tel effet » (
Couronnement Louis, 146 ds T.-L.);
ca 1200 « énergie, courage »
Force et pooir (
Chastelain de Couci,
Chansons, éd. A. Lerond, III, 22);
ca 1200 « degré d'intensité d'un sentiment » (
G. Brulé,
Chansons, éd. H. P. Dyggve, LVI, 44 :
force d'Amour);
c) 1669-73 « capacité intellectuelle » (
Boil.,
Art poét., 1, 166 ds
Littré);
d) 1690
vers, tableau d'une grande force (
Fur.);
2. a) ca 1100 « emploi de moyens violents pour contraindre la volonté des autres »
par force e par vigur (
Roland, 3683); 1176-81 « violence » (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 1214);
b) 1176 « ensemble de personnes armées » (
Id.,
Cligès, éd. A. Micha, 3395);
c) 1566 « pouvoir qu'exercent certaines notions abstraites » (
Bodin,
Rep., I, XI ds
Gdf. Compl.);
d) 1690
la force du sang de la parenté (
Fur.);
3. a) ca 1200 « importance numérique, quantité » (
Chevalier cygne, 221 ds T.-L.); mil.
xiiies.
force de + subst. « beaucoup de » (
J. de Thuin,
Jules César, 113, 7,
ibid.);
b) 1784 impr.
force de corps (
Encyclop. méthod. Mécan. t. 3);
4. a) ca 1208 « degré de puissance, d'intensité d'un agent physique »
a force de rimes [
rames] (
Villehardouin,
Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 467);
b) 1690 « capacité de résistance, de solidité d'une chose » (
Fur.);
c) 1690 « degré de rendement, d'efficacité » (
ibid. : la rheubarbe est une racine qui a la
force de purger);
5. 1580 « principe de mouvement et d'action »
force attractive (
Montaigne,
Essais, éd. A. Thibaudet, livre I, chap. 21, p. 133); 1783-88
les forces [
de l'univers] (
Buff.,
Min., t. IX, p. 5 ds Pougens ds
Littré). Du lat. imp.
fortia, neutre plur., pris pour subst. fém. sing., de l'adj.
fortis, v.
fort.