FILER, verbe.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 intrans. « couler, s'écouler » (
B. de Ste-Maure,
Troie, éd. L. Constans, 18713) d'où en parlant d'une substance molle 1690 « s'allonger, s'étirer » (
Fur.);
2. avant 1560 trans. « dérouler en laissant glisser »
filer et couler les cables (
Du Bellay, VII, 600 ds
Littré); fig.
a) 1616 trans. « dévider, réciter d'une manière continue »
propos bien filez (
D'Aub.,
Hist., I, 155,
ibid.);
b) 1811
filer des sons (
Jouy,
Hermite, p. 184);
3. 1688 jeux
filer la carte (
Dancourt,
Désol. des joueuses, sc. 13 ds
Littré);
4. 1754 intrans. « s'enfuir » (
P. Boudin,
Mme Engueule p. 32 : i'
file avet [vote magot] comme un voleur!) d'où 1857 (d'une chose) « disparaître rapidement » (
Flaub.,
Mme Bovary, t. 1, p. 48 : le bois, le sucre et la chandelle
filaient comme dans une grande maison);
5. 1783 intrans. « se déplacer à une allure rapide », ici en parlant du gibier « voler ou courir droit devant soi » (
Buff.,
Ois., t. IX, p. 228 ds
Littré);
6. 1815 « suivre une personne sans la perdre de vue » (
Chanson du malfaiteur Winter ds
Esn.).
B. 1. Ca 1210 (d'un insecte) « sécréter un fil » (
Bible Guiot, 1871 ds T.-L.);
2. xiiies. [ms.] « réunir en un fil des fibres de matière textile en les tordant » (
Romans et Pastourelles, II, 79, 12,
ibid.); 1265-80
filé « fil » part. passé subst. (
Rose, éd. F. Lecoy, 17968);
3. 1759
on file les métaux ductiles (
Volt.,
Russie, I, 9, p. 153). Du b. lat.
filare « étirer en fil; faire couler en fil ».