FERMER, verbe.
Étymol. et Hist. A. Trans.
1. a) ca 1100 « attacher, fixer » (
Roland, éd. J. Bédier, 345);
b) 1155 « établir, construire (un château) » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 6916); 1160-74 « fortifier » (
Id.,
Rou, éd. A. J. Holden, II, 1881);
2. a) ca 1175 « barricader, clore »
des portes fermer (
B. de Ste-Maure,
Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 5817);
b) 1547 « supprimer ou interrompre l'accès à, interrompre l'activité de »
fermer sa boutique (
N. du Fail,
Propos rustiques ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 1, p. 48);
c) 1580 fig. « être à la fin de, terminer » (
Garnier,
Argument d'Antigone ds Tragédies, éd. W. Fœrster, p. 5).
B. Intrans.
xves. « être ou pouvoir être fermé » (
Ch. d'Orléans,
Poésies, éd. P. Champion, II,
Rondeaux, XVIII, 6). Du lat. class.
firmare « rendre ferme, solide » d'où « fortifier », le glissement de sens vers celui de « clore » ayant pu se faire dès le b. lat. dans l'emploi fréq. de
firmare et du dér.
confirmare en relation avec
serae, vectes portarum au sens de « renforcer, consolider (les barres, les verrous des portes) » (
cf. Bambeck, p. 19, 20;
J. Fahrenschon,
Firmus, Geschichte der Bedeutungen dieses Wortes und seiner Ableitungen in der rom. Sprachen, Diss., München, 1938, pp. 94-97;
cf. lat. médiév.
archa firmata « coffre fermé », 1111 ds
Bambeck Boden, p. 155), d'où la coexistence de
fermer et de
clore jusqu'à ce que ce dernier entre par certaines de ses formes en collision homonymique avec
clouer et soit réduit à certains emplois techn. (sur ce dernier phénomène, v.
R. Ekblom. Étude sur l'extinction des verbes au prétérit en -si et en -ui en fr., Upsal, 1908); l'hyp. de Meuser (
Lat. «
claudere »
im frz., Giessen, 1929, pp. 35-38) : « fermer » issu de « entourer (une ville) de murs » au niveau de l'a. fr. est moins convaincante; celle de Gilliéron (
La faillite de l'étymol. phonétique, Neuville, 1919, pp. 9-34,
cf. encore D. MacMillan ds
Trav. Ling. Litt. Strasbourg, 1971, IX, 1, 211-217), attribuant au rattachement à
fer par étymol. pop. le glissement de sens de « rendre ferme » à « fermer » et donc l'éviction de
clore par
fermer, est peu vraisemblable et le sentiment linguistique auquel elle fait appel serait aujourd'hui perdu (
Von Wartburg,
Zur Frage der Volksetymologie ds
Homenaje à Menéndez Pidal, I, 1925, note, p. 26, 27).