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ESSAYEUR, EUSE, subst.
Étymol. et Hist. Ca 1250 essaieres « homme peu sincère, inconstant » (R. de Blois, Chastiement des Dames, éd. Barbazan et Méon, II, 218, 1079); 1611 « fonctionnaire préposé aux essais de monnaie » (Cotgr.); 1857 subst. fém., supra ex. 3 Dér. du rad. de essayer*; suff. -eur2*, -euse*.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
I. 0. Subst. masc. « celui qui fait un essai (en amour), amant inconstant ». Attesté au 2e tiers 13e siècle (RobBloisAmU, page 140, vers 332 = RobBloisAmB, volume 2, page 218, vers 1079 = Gdf 3, 564a, s.v. essaieor = TL 3, 1286, s. v. essaïeor : Tout autretel est de l'amant, S'il ne coile [« cache »] bien son talant [« envie, volonté »], Et s'il dist son estre à plusors, Ne puet pas bien joïr d'amors, C'on ne croit pas qu'il soit ameres [« amoureux »] Mès essaieres et vanteres). - 
I. A. 1. Subst. masc. « officier qui vérifie le titre d'un métal destiné à la fabrication des monnaies ». Attesté depuis 1299 [dans une charte anglo‑normande des rois d'Angleterre] (StatRealm in AND2 s.v. assaiour : si les assaiours troussent les deners bons et loiaux en pois). Première attestation présentant le phonétisme moderne de l'initiale : 1354 [28 juillet, à Paris] (Ord, volume 4, page 151 : [dans une lettre du roi de France qui établit deux commissaires pour poursuivre les officiers des monnaies qui ont contrevenu aux ordonnances sur les monnaies] Nous [Jean Ier ou Jean II]) vous [aux commissaires des monnaies] mandons & estroittement enjoingnons & commettons par ces Lettres, que vous en voz propres personnes, vous transportez‑là où bon vous semblera par tout nostre Royaume, ès parties où Nous faisons faire Monnoye, & en icelle visitez diligeaument toutes & chascunes noz Monnoyes, les Maistres particuliers, leurs Lieuxtenans, compaignons & facteurs, les Gardes, Essayeurs). Par ailleurs, on relève plusieurs autres occurrences de essayeur dans une lettre de Charles V datée du 26 avril 1365 qui fixe les gages des Gardes, Tailleurs et Essayeurs des Monnoyes (Ord, volume 4, page 546). En revanche, c'est la variante assaieur qu'on rencontre dans les Archives de Tournai en 1386 (Gdf 7, 626b, s.v. tailleor1). Pour la variation sur la voyelle initiale au cours du 15e siècle, cf. les exemples cités in DMF2 s.v. essayeur. - 
I. A. 0. Subst. masc. « personne qui contrôle la qualité d'un produit commercial ». Attesté depuis 1315 [janvier, à Arras] (Hist. industr. drapière Flandre E. P., volume 1, page 242, § 10 : [dans une ordonnance sur le commerce de la guède ou pastel des teinturiers] Sachent tout cil qui waide assayent et qui l'accatent, que se on le revent depuis l'assay et il n'est tous vendus à l'assayer et au pris qui est mis de l'assaieur, on en rabat 3 s. de le lb. de ce que on le revendera après. Et se on le porte hors dou celier, là où il a esté premièrement assis et assaiéz, on en rabatera de cascune cuve 5 s. de par.). Pour les modalités de l'assai et le rôle de l'assaieur dans le commerce des teintures, cf. De Poerck, Draperie, volume 1, pages 157‑159. — Première attestation présentant le phonétisme moderne : 1378 [dans l'acception « officier chargé d'examiner la langue d'un porc pour en contrôler l'état sanitaire avant l'abattage »] (Archives JJ 113, pièce 314, in Du Cange 3, 313c, essaium1 = La Curne s.v. essaieres = Gdf 4, 715b, s.v. langoieur : Perrin Landry langoieur ou Essaieur de pourceaux… print douze deniers du langoiement [« examen de la langue d'un porc »]… Le prevost de Montlehery lui defendi vendre et langoyer [« examiner la langue »] pourceaux en la chastelenie dudit Montlehery). - 
I. A. 2. Subst. masc. « personne chargée de tester un mets, une boisson ». Attesté depuis fin 13e siècle [dans l'acception « contrôleur chargé de goûter la bière, afin de juger de sa qualité »] (CourtBarM in AND2 s.v. assaiour : si il [la cervoise] ne seit si bone e si tryé e si apertement bracé par le assay e le discrecion [« faculté de décider »] des assayurs). Première attestation présentant le phonétisme moderne : 1409 [dans l'acception « officier chargé de vérifier l'innocuité des mets et des boissons destinés à son seigneur »] (Premierfait, Cas nobles hommes G., livre 1, chapitre 11, page 156 = DocDMF : si avoient a leur table essayeurs de vins et de viandes affin que on n'y eust mis aulcune chose nuysible a la santé du corps). Par ailleurs, cet emploi est peut‑être attesté déjà presque deux siècles plus tôt, dans la locution nominale assaeour de la table du roi, qui semble désigner l'écuyer préposé à cette prégustation inspirée par la crainte du poison : 1318 (OrdYork in AND2 s.v. assaiour). Ce sémantisme particulier relatif aux usages de la table des grands seigneurs du Moyen‑Âge est dû à une confusion, liée sans doute à la proximité phonique et sémantique, avec asseeur subst. masc. « celui qui met les plats sur la table » (MenagB, page 188, ligne 13 = Gdf s.v. asseor = TL s.v. asseeor < asseoir « placer, poser (un objet) », cf. FEW 11, 398b‑399a, sedere I 2 d α), nom originel de cet officier, mais qui fait référence à une autre fonction (cf. OED2 s.v. assayer3, asseour, assewer ; cf. aussi la description du repas de noces du roi d'Écosse dans Escouchy, Chron. B., volume 1, page 181. - 
I. B. Subst. masc. « personne qui s'expose à quelque chose ». Attesté depuis 1511 (Lemaire de Belges, Concorde, page 31, in Frantext = Huguet [qui analyse par erreur comme adjectif] : Peuple hardy, de perilz essayeur, Illustre sang, troyenne natïon, Non espargant son sang ne sa sueur). - 
I. A. 3. Subst. masc. « celui sur qui on fait les essayages de vêtements ». Attesté depuis 1867 (Taine, Notes, page 114, cf. supra). - 
II. A. 3. Subst. fém. « celle sur qui on fait les essayages de vêtements ». Attesté depuis 1857 (Goncourt, Journal, page 319, cf. supra). - 
III. Rem. Adj. « qui essaie ». Attesté depuis 1857 ([et non pas 1860, comme indiqué supra] Sand, Promenades, page 79 = Frantext). - 

Origine :
Formation française : dérivé du verbe essayer* à l'aide du suffixe ‑eur2* [cf. ‑eur2/-euse, -(a)teur/-(a)trice I. A.1. b]. Cf. von Wartburg in FEW 3, 256a, exagium 1. Cette dérivation est déjà attestée indirectement, dès 1174, à travers le latin médiéval as(s)ai(/y)ator/essei(/y)ator/assazator subst. masc. « vérificateur des poids et mesures », dont on relève de nombreuses attestations dans des documents officiels réglementant notamment la fabrication de la monnaie en France, en Angleterre et en Italie (de 1174 à 1421, Bompaire, Numismatique 471 ; Hist. industr. commerce F. 2, 92‑93 ; Gonon, Vie quotidienne 355 ; Latham, Dictionary s.v. essaiator ; Hist. Dalphin. [= Valbonnais, Histoire ?], volume 2, page 215, colonne 1, in Du Cange s.v. essayator ; DELI2 s.v. assaggiare). Le moyen anglais assaior, attesté, dès ca 1315, au sens de « officier chargé de la prégustation des mets destinés au roi » (OED2 s.v. assayer ; cf. ci‑dessus I. A. 2. anglo‑normand assaeour de la table du roi), puis en 1423 avec le sémantisme « officier chargé de contrôler les métaux » (MED s.v. assaiour), est emprunté au français. La variation du phonétisme initial de français assaieur/essaieur au Moyen‑Âge reflète celle du simple (essaiier/assaiier, cf. TL 3, 1286‑1288). Le dérivé a suivi les développements sémantiques du verbe.


Rédaction TLF 1980 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2007 : Nadine Steinfeld ; Armelle Evrard. - Relecture mise à jour 2005 : Gilles Roques ; Gilles Petrequin ; David Trotter ; Pascale Baudinot ; Éva Buchi.