EMBARRASSER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Trans. 1570-71 « causer de la gêne (à quelqu'un), (le) mettre dans une situation difficile » (
Montluc,
Commentaires, in
Petitot,
Coll. Mém. Hist. Fr., XXII, 1 ds
Barb. Misc. VII, n
o8 : Ce qui me fit resoudre de me retirer de la cour, afin de n'
estre embarassé parmy les uns ou les autres); spéc. 1665 « gêner (quelqu'un) par sa présence » (
Molière,
Dom Juan, IV, 6); 1690 « entraver l'usage normal (de quelque chose) » (
Fur.).
B. Pronom. 1580 abs. (
Montaigne,
Essais, éd. A. Thibaudet, 1. II, chap. 12, p. 580 : [l'humaine raison] se perd,
s'embarrasse et s'entrave, tournoyant et flotant dans cette mer vaste, trouble et ondoyante des opinions humaines); 1663
s'embarrasser de (qqc.) « s'en préoccuper exagérément » (
Molière,
École des femmes, IV, 1, éd. E. Despois, t. III, p. 231).
C. Part. passé adj. 1580
embarrassé « dans l'embarras » en parlant d'une pers. (
Montaigne,
op. cit., 1. I, chap. 9, p. 58).
D. Part. prés. adj. 1606
embarrassant « qui embarrasse » (
H. Victor,
Thresor des trois langues, p. 216,
s.v. embaraçóso). Empr., de même que l'ital.
imbarazzare, à l'esp.
embarazar, « id. », attesté dep.
ca 1460 (d'apr.
Cor.), lui-même empr. au léonais ou port.
embaraçar, dér. de
baraço « courroie, corde », d'orig. incertaine (v.
Cor.;
DEI; cf. Baist ds
Rom. Forsch. t. 32, p. 894). Le fait que le mot n'a qu'un seul
-r- dans le domaine ibérique s'oppose à une dérivation à partir de *
barra (
barre*;
FEW t. 1, p. 260
a;
Bl.-W1-5). Le mot fr. est sans doute d'abord apparu sur le territoire wallon, occupé par les Espagnols au
xvies. (v. K. Baldinger ds
Z. rom. Philol. t. 67, p. 9;
cf. embarras).