DÉCHARGER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. Fin
xies. « ôter le chargement » (
Raschi Darm. p. 26
Ex. 32, 3); début
xiiies. « décharger (une marchandise) » (
Dolopathos, 188 ds T.-L.);
2. 1130-60 « débarrasser (une bête de somme) de sa charge » (
Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2149);
3. début
xiiies. « abaisser (une arme pour assener un coup) » (
Gaidon, 214 ds T.-L.).
B. Fig.
1. Ca 1220 « libérer quelqu'un d'une tâche, d'une obligation, d'une responsabilité » (
Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 9947);
2. a) ca 1283 « déclarer innocent » (
Ph. de Beaumanoir,
Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 240);
b) 1491 « témoigner en faveur de quelqu'un » (
Ph. de Commynes,
Mémoires, 1. 1, chap. 1, éd. J. Calmette, t. 1, p. 7);
3. a) 1287 « libérer d'une dette » (
Cartulaire de Cambron, 477 ds
Gdf. Compl.);
b) 1680 comm. « établir une quittance » (
Rich.);
4. a) dernier quart du
xives.
décharger sa conscience (
Froissart,
Chroniques, 11, 302 ds
IGLF);
b) 1508
décharger son cœur (
E. d'Amerval,
Diablerie, p. 886,
ibid.);
c) 1538
décharger sa rate, sa bile, sa colère (
Est.).
C. 1611 « ôter une charge superflue » (
Cotgr.).
D. Technol.
1. a) 1477
décharger une arme « tirer » (
J. de Roye,
Chron. scandaleuse, II, 38 ds
IGLF);
b) 1680 « ôter la charge d'une arme à feu » (
Rich.);
2. 1559 pronom. « se déverser (d'un liquide ou d'un cours d'eau) » (
Amyot,
Vies Solon, 54 ds
Littré);
3. a) 1611
couleur deschargée en bleu « bleu clair » (
Cotgr.);
b) 1680
étoffe qui se décharge « qui déteint » (
Rich.);
c) 1794 typogr.
décharger une forme, un tympan; encre qui décharge (
Momoro,
Traité impr., p. 138);
4. 1694 mar.
décharger les voiles (
Corneille);
5. 1808 électr. (
Cabanis,
Rapp. phys. mor., t. 2, p. 355). Dér. de
charger*, préf.
dé-*; b. lat.
discaregare (discarricare) au
vies.,
Loi salique 27, 11 ds
TLL s.v. 1275, 12.