DISJONCTIF, IVE, adj.
Étymol. et Hist. 1. Av. 1270 subst.
desjointive « particule qui marque la séparation » (
Livre de Jean d'Ibelni, éd. Beugnot,
Assises de Jérusalem, I, p. 144);
xives. adj.
disjunctive [poteste de conjonction] (Ch.
Thurot, p. 194 ds T.-L.);
2. av. 1559 subst. log. (
M. du Bellay, 300 ds
Littré). Empr. au b. lat.
disjunctivus, terme de gramm. et de logique.
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Histoire :
A. 1. adj. « qui exprime que les parties de la phrase ont un sens opposé ou alternatif » (grammaire). Attesté depuis 2e moitié 13e siècle (DonatgS, page 95, § 52 : Quantes potéstes de conjunction sont ? .v. Quelles ? La copulative couple, la disjunctive desjoint, lexplective remple, la causele rent cause, la rationele rent raison). Ce terme est attesté en continu depuis les premiers témoignages d'un discours grammatical français. Première attestation lexicographique : 1690 (Furetière1 : Disjonctif, ive. adj. Qui disjoint, ou separe. Ou & ni sont des conjonctions disjonctives, qui en liant un discours, en separent neantmoins les parties). -
A. 2. subst. « particule qui exprime que les parties de la phrase ont un sens opposé ou alternatif » (grammaire). Attesté depuis av. 1266 [manuscrit C, ca 1280] (AssJérJIbE, pages 205/206 : Por ce que son aversaire ne connoisse la desjointive a la premiere parole, que se il dit au premier le ‘et’ et il dit au doner des gages le ‘ou’, son aversaire ne s'en prendra pas si tost gardé se il le dit tost en ce que il sont eschaufés as guages doner com il fera au comencement de la parole. […] / Et il se garde lors de la desjointive et dit qu'il n'en s'en viaut enssi aerdre a luy, se court ne l'esgarde et que cort esgardera que il ne le doit faire, si y mete le ‘et’. Que meaus li vaut faire son clain aveuc le ‘et’, se il ne le peut faire aveuc le ‘ou’, que faire le sans ‘et’, et sans ‘ou’ se son aversaire ne s'en set de ce garder). Ces attestations sont à ajouter à Städtler, Grammatiksprache, page 202, cf. RLiR 68, 583. Contrairement à ce qu'indique le TLF, Du Bellay, Mémoires (livre 6, page 422 : Il se vante de deux choses l'une, et faict son compte de la premiere partie de la disjonctive, ou qu'il sera roy de France, ou moy empereur = Littré) illustre en fait le sens grammatical et non le terme de logique. -
B. 1. proposition disjonctive loc. nom. fém. « proposition qui exprime une opposition ou une alternance » (logique). Attesté depuis 1684 (Bernier, Philosophie, page 140, in Frantext : En second lieu, la proposition disjonctive precedant, la particule si s'applique dans la mineure à l'un et à l'autre membre, comme si l'on commançoit un double syllogisme hypothetique). -
B. 2. jugement disjonctif loc. nom. masc. « jugement qui affirme une opposition ou une alternance » (logique). Attesté depuis 1837 (Tissot, Philosophie, page 192 : Tous les jugements disjonctifs présentent par conséquent différents jugements qui forment en commun une sphère de concepts, et ne produisent chaque jugement que par la limitation de l'autre par rapport à toute la sphère). -
Origine :
A. 1. Transfert linguistique : emprunt au latin disiunctivus adj. « qui exprime l'opposition » (attesté depuis le milieu du 1er siècle chez Asconius, TLL 5/1, 1385 [terme de grammaire]). À ajouter FEW 3, 96b, disjungere II.
A. 2. Formation française : ellipse de conjonction disjonctive loc. nom. fém. « conjonction qui exprime que les parties de la phrase ont un sens opposé ou alternatif » (cf. ci‑dessus A. 1.).
B. 1. Formation française : composé du substantif jugement* et de l'adjectif disjonctif (disjonctif, ‑ive*).
B. 2. Formation française : composé du substantif proposition* et de l'adjectif disjonctive (disjonctif, ‑ive*).
Rédaction TLF 1979 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2008 : Marta Andronache. - Relecture mise à jour 2008 : Gilles Roques ; Thomas Städtler ; Nadine Steinfeld ; Gilles Petrequin.