DE1, prép. Étymol. et Hist. A. Temps, origine 842 d'[ ist di] « à partir de » [ce jour] ( Serments de Strasbourg, 2 ds Henry Chrestomathie t. 1); durée 1170 de treis jurz ( Rois, éd. E. R. Curtius, 115, p. 58); moment de l'action 1174-76 de nuit ( G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2313 ds T.-L. 1207, 47). B. Lieu, origine 1. 842 de suo part ( Serments de Strasbourg, 20 ds Henry Chrestomathie t. 1); 1 remoitié xes. foers de la civitate ( Fragment de Jonas, éd. Foerster et Koschwitz, Altfr. Übungsbuch, 6 eéd., 6); 2 emoitié xes. nez de medre ( St Léger, éd. J. Linskill, 137); ca 1100 Gerart de Rossillon ( Roland, éd. J. Bédier, 797); 2. après certains verbes signifiant « écarter, protéger, libérer » 1 remoitié xes. liberi de cel peril ( Jonas, 24); 2 emoitié xes. De lor pechietz... Il los absols ( St Léger, 225). C. Introduit un compl. de nom 1. introduit un compl. servant à déterminer 881 In figure de colomb volat a ciel ( Séquence de Ste Eulalie, XIII ds Henry Chrestomathie t. 1); 2 emoitié xes. De Hostedun evesque en fist ( St Léger, 48); ca 1100 la citet de Galne ( Roland, 662); 2. génitif objectif ca 1050 le doel de nostre ami ( Alexis, éd. Chr. Storey, 154). D. Cause 1 remoitié xes. [ sis penteiet] de cel mel ( Jonas, 25); ca 1050 del duel s'asist la medre ( Alexis, 146). E. Rapport, propos 1. 2 emoitié xes. de sant Lethgier « au sujet de » ( St Léger, 6); 2. de introduisant un compl. de propos ca 1050 d'un son filz voil parler ( Alexis, 15); 3. de + subst. tour exclamatif ca 1050 Filz Alexis, de ta dolenta medra! ( Alexis, 396). F. Partie 1. introduit le compl. d'un pronom 2 emoitié xes. nuls de sos piers ( St Léger, 59); ca 1050 A un des porz ( Alexis, 196); 2. introduit un compl. exprimant l'appartenance 2 emoitié xes. Tuit li omne de ciel païs ( St Léger, 211); 3. origine de l'art. partitif 2 emoitié xes. Por quant il pot, tant fai de miel ( St Léger, 135); ca 1050 De la viande ki del herberc li vint, Tant an retint dunt sun cors an sustint ( Alexis, 251); ca 1100 trop ad perdut del sanc ( Roland, 2230); ca 1150 La meillor feme qui onc beüst de vin ( Le Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 320); 4. de l'art. indéfini, v. des3, de3. G. Agent , moyen 1. agent ca 1050 De noz pechez sumes si ancumbrez ( Alexis, 618); 2. moyen ca 1050 D'or e de gemmes fut li sarqueus parez ( Alexis, 586); ca 1100 [ il] fiert de l'espiet ( Roland, 1322). H. Qualité, manière 1. qualité ca 1050 Rices hom fud, de grant nobilitet ( Alexis, 14); 2. manière xiies. de tel manere ( Lapidaire Marbode, éd. P. Studer et J. Evans, 63); 1160-74 de bonne volenté ( Wace, Rou, éd. A. J. Holden, t. 1, 2498). I. Matière ca 1100 de marbre faiz ( Roland, 2268). J. Introduit un inf. 1. précédé − d'un adj. ca 1050 dignes d'entrer ( Alexis, 173); − d'un subst. ca 1100 cure de parler ( Roland, 1170); − d'un verbe ca 1100 purpensez De colps ferir ( Roland, 1178); 2. introduisant un inf. suj. réel ca 1150 de lui retenir ( Le Roman de Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 384); 3. introduisant un inf. substantivé (emploi exclamatif ou exhortatif; cf. E 3) ca 1130 Hé! Bertrans, sire, or del contraleier! ( Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 1178); d'où prob. 4. l'emploi de l'inf. de narration construit avec de, ca 1213 ( Fet des Romains d'apr. G. Moignet, Gramm. de l'a. fr., Paris, Klincksieck, 1973, p. 310); 1225-30 Cil pasent outre et il dou ceminer ( Bueve de Hantone, éd. Stimming, I, 3781). K. Introduit un compl. du comparatif ca 1100 plus de vint milie humes ( Roland, 13).
De la prép. lat. de (proclitique); contracté en del > deu > du avec l'art. le, en dels > des avec les et réduit à d' devant voyelle. En plus de ses emplois réguliers (séparation, éloignement; origine; rapport, relation, propos; cause) de a servi dans la lang. fam. jusqu'à la fin de l'époque class. à renforcer certaines formes casuelles, notamment l'ablatif : − ablatif de moyen ( duos parietes de eadem fidelia dealbare, Cic., Epist., 7, 29, 2), − ablatif compl. d'adj. ( de via fessus, Cic., Ac., 1, 1), le tour prépositionnel étant de plus en plus utilisé à basse époque dans ces cas ainsi que pour renforcer l'ablatif compl. du compar. ( plus facitis de nobis, Vitae Patrum, 5, 16, 16). Le même procédé est à l'orig. du recul du génitif : jusqu'à la fin de l'époque class., le tour prépositionnel concurrence le génitif partitif ( dimidia pars virium ou dimidium de praeda) et le génitif de relation ( conscientia culpae ou conscientia de culpa, cf. Vään., p. 121). À l'époque postclassique et à basse époque, la construction prépositionnelle progresse, se substituant notamment − au génitif partitif, annonçant l'emploi de l'art. partitif et de l'art. indéfini en a. fr. : dicitur quidam fixisse morsum et furasse de sancto ligno ( Per. Aether. 37, 2 ds E. Löfstedt, Syntactica, I, 118) et dederunt nobis presbyteri loci ipsius eulogias, id est de pomis, quae in ipso monte nascuntur ( id., 3, 6, ibid., I, 119); v. aussi E. Löfstedt, Philologischer Kommentar zur ,, P. Aether.``, p. 106; − au génitif de possession : in presentia de domino servi (Liutprant, 104, I ds Vään., pp. 121-122); cf. la construction prépositionnelle servi ipsi tradantur in manus de mundoald ( ibid., p. 122) alternant avec la construction sans prép. (in manus ... mundoald) qui annonce la syntaxe de l'a. fr. où cohabitent le tour périphrastique ( le doel de nostre ami, Alexis, 154) et le cas-régime en fonction de génitif ( pur amur Alexis, Alexis, 152). De même le tour prépositionnel, de bonne heure en concurrence avec le qualificatif pour exprimer la matière, la substance ( de materia trabes, Vitruve 3, 3, 5), se substitue de plus en plus à lui pour marquer la provenance ( cerasium de Ponto, Tert., Nat., 2, 16), l'espèce ( pedica de caballo, Lex. sal., 27, 3), la matière ( stramentum de papyro, Vitae Patr., 5, 10, 76 ds Vään., p. 168). − Les emplois de l'a. fr. J 2 ( de + inf. suj.), J 3 ( de + inf. substantivé), J 4 ( de + inf. de narration) seraient d'apr. Moignet, op. cit., pp. 196, 200-201, 310, issus de l'emploi de de introduisant un compl. de propos (E 2).
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