Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

notices corrigéescatégorie :
DARWINISME, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1867 (G. Omboni ds une trad. de l'ital. d'apr. Mack. t. 1, p. 230). Dér. avec suff. -isme* du nom du naturaliste angl. Ch. Darwin [1809-1882].

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
Attesté depuis 1864 [sous la plume d'un adversaire de Darwin, cf. TLF‑Étym, darwinien] (Fée, Darwinisme, page 5 = Google, Recherche de Livres : Il nous semble que voilà bien le darwinisme tout entier, et si parfaitement, que nous n'hésitons pas à rattacher l'auteur de l'origine des espèces à l'école de Lamarck et de Geoffroy Saint‑Hilaire, en faisant remarquer toutefois qu'il a creusé plus profondément le sillon ouvert par les naturalistes français. Nous espérons que M. Darwin ne se plaindra pas de ce rapprochement). Première attestation lexicographique : depuis 1870 (Larousse1 : darwinisme s. m. Physiol. Système d'histoire naturelle générale de Charles Darwin, qui explique l'origine des espèces par le principe de la sélection naturelle, et dont la conclusion extrême est la parenté physiologique et la communauté d'origine de tous les êtres vivants). - 
Rem. néo‑darwinisme, subst. masc. « darwinisme modifié par des chercheurs ultérieurs, se concentrant sur l'idée de la sélection naturelle ». Attesté depuis 1895 (delage, Structure, Table analytique, page 871, in Gallica : Néo‑Darwinisme [on cherche en vain Néo‑Darwinisme aux pages indiquées dans la Table, c'est en fait Néo‑Darwinien qui s'y trouve]). - 

Origine :
Formation française : dérivé déonomastique du nom propre Darwin (patronyme du naturaliste anglais Charles Darwin [1809–1882], auteur de l'ouvrage à retentissement mondial L'origine des espèces, publié en 1859, qui révolutionna la pensée de l'homme jusqu'alors anthropocentrique, en démontrant que l'humain appartenait au règne animal et que Dieu et sciences devaient être séparés) à l'aide du suffixe ‑isme* (I. A. 6. c). Cependant, il serait plus prudent de considérer que ce mot est de formation sans doute polygénétique, à en juger d'après l'anglais Darwinism (« mouvement engendré par la formulation de la théorie de Charles Darwin » attesté depuis 1864, OED2), l'allemand Darwinismus (apparaît dès 1865, sous la plume du botaniste cytologiste suisse allemand Carl Nägeli [grimm] puis en 1866 sous celle du zoologiste allemand Ernst Haeckel, principal médiateur de la théorie darwinienne dans les pays de langue allemande, cf. Haeckel, Generelle Morphologie, 166 : Die Selections‑Theorie [Der Darwinismus], ainsi que, en 1866, chez un adversaire du darwinisme, le philosophe Jürgen Bona Meyer, "Der Darwinismus", dans Preussische Jahrbücher 17), et l'italien darwinismo (qu'on rencontre en 1868, dans un article du philosophe et pédagogue Pietro Siciliani dans la Rivista bolognese di scienze 1, 967, tous les trois in Google, Recherche de Livres). En anglais, on relève une toute première et unique attestation de Darwinism en 1856, mais par référence à la doctrine d'Erasmus Darwin (1731–1802), médecin, écrivain scientifique et poète anglais, grand‑père de Charles Darwin, auteur de la Zoonomia (1794‑1796), qui contient des spéculations évolutionnistes (OED2). Alors que la théorie de l'évolution de Charles Darwin fut immédiatemment adoptée en Angleterre (Darwinism est introduit, dès 1864, par le biologiste évolutionniste anglais Thomas Henry Huxley [1825‑1895], cf. OED2, et non pas, comme l'affirme, par erreur, Tort, Darwinisme, 823, par le naturaliste anglais Alfred Russel Wallace [1823–1913], qui a co‑découvert, indépendamment de Darwin, un mécanisme de transformation des espèces similaire à la sélection naturelle de Darwin et auteur de l'ouvrage Darwinism. An exposition of the theory of natural selection with some of its applications, paru à Londres en 1889), en Allemagne, en Suisse et qu'elle suscita partout en Europe parmi les savants le plus grand enthousiasme, un seul pays cependant fit exception, la France, qui avait vu naître l'un des plus profonds défenseurs du transformisme, l'illustre Lamarck [Jean‑Baptiste de Monet de Lamarck (1744–1829)], à l'œuvre duquel les scientifiques français, dans le dernier tiers du 19e siècle, rattachaient le nouveau système (cf. ci‑dessus la citation du pharmacien et botaniste Antoine Fée [1789–1874], professeur de botanique à la faculté de Médecine de Strasbourg, cf. aussi TLF‑Étym, évolutionnisme). L'Académie des Sciences s'opposa longtemps à l'élection de Darwin. Rejeté de manière définitive en juin 1878 à la Section d'Anatomie et de Zoologie, il fut accueilli finalement en août 1878 par la Section de Botanique. Cette exception française en matière d'introduction du darwinisme, comme en témoigne, en 1868, le zoologiste allemand Ernst Haeckel [1834–1919] (« In keinem wissenschaftlich gebildeten Lande Europa's hat Darwin's Lehre zunächst so wenig gewirkt und ist so wenig verstanden worden, wie in Frankreich. Die Academie der Wissenschaften in Paris hat sogar den Vorschlag, Darwin zu ihrem Mitgliede zu ernennen, mehrmals verworfen ehe sie sich selbst dieser höchsten Ehre für würdig erklärte », Haeckel, Schöpfungs‑Geschichte, pages 104/105), les études savantes contemporaines ont cherché à l'expliquer par le poids d'une double tradition naturaliste de résistance à la révolution transformiste (les arguments anti‑transformistes de Cuvier [1773–1838] d'une part ; l'anti‑uniformitarisme et l'anti‑gradualisme de la plupart des géologues et paléontologues français, d'autre part) ainsi qu'à la prégnance des convictions religieuses profondément enracinées au sein de l'approche téléologique partagée par la majorité des biologistes, qui entraveront longtemps la diffusion exacte des idées scientifiques de Darwin dans l'univers intellectuel français. La plupart des travaux sur la réception du darwinisme en France s'accordent pour dire que le darwinisme ne fut pas introduit en France avant la synthèse néo‑darwinienne des années 1930, voire avant 1945. ll lui faudra attendre au 20e siècle l'apparition de la génétique des populations, qui viendra appuyer et imposer la pensée scientifique de Darwin en lui donnant les moyens de son contrôle expérimental (cf. Conry, Introduction, pages 21‑45, 131, 214, 425, 474 ; Conry, De Darwin, pages 10‑16 ; Tort, Darwinisme, 909‑954 : darwinisme français ; TLF‑Étym, évolutionnisme). Ajouter FEW 3, 18b un nouvel article Darwin ; Schweickard, Deonomastik, 23/24.
Rem. Formation française : dérivé du substantif darwinisme (cf. ci‑dessus) à l'aide du préfixe néo‑* (II. C. e) . Neo‑Darwinism fut forgé, dès 1891, par le sociologue américain Lester Frank Ward [1841–1913], qui défendit sa croyance en l'hérédité des caractères acquis contre Weismann (cf. « Neo‑Darwinism and Neo‑Lamarckism », Biological Society Washington 6, 11 ; OED2 relève le mot seulement à partir de 1902 chez James Mark Baldwin [1861‑1934], l'un des fondateurs de l'école américaine de psychologie expérimentale). Tort, Darwinisme signale, à juste titre, que le terme néo‑darwinisme n'est pas de Weismann, mais il affirme, par erreur, à diverses reprises, qu'il fut forgé par le naturaliste anglais George John Romanes [1848‑1894], qui, s'il emploie bien, dès 1893/1895, les adjectifs Neo‑Darwinian et Neo‑Darwinist, ne semble pas s'être servi de Neo‑Darwinism dans ses écrits (Romanes, Contemporary Review 63, 515‑517 ; OED2, s.v. neo-, 315b ; Tort, Darwinisme, s.v. Weismann, 4616, note 1 et s.v. darwinisme français, 927). Le terme semble avoir été introduit en français en 1896 par le zoologiste lamarckien Yves Delage (1854–1920), qui fait partie des naturalistes qui ont élevé des objections contre la toute‑puissance de la sélection naturelle, voire de son action déterminante (cf. TLF‑Étym, darwiniste, citation de 1899 du biologiste Le Dantec). La réfutation du néo‑darwinisme, fondé par le biologiste théoricien allemand August Weismann [1834‑1914], l'applicateur exclusif et excessif du principe de la sélection naturelle, est centrale dans les travaux de Delage. « La toute‑puissance de la sélection naturelle », titre significatif d'un des ouvrages de Weismann (Die Allmacht der Naturzüchtung. Eine Erwiderung an Herbert Spencer, 1893) est le point de vue général et absolu auquel ce dernier envisage tous les phénomènes biologiques sans exception et auquel il les ramène tous, souvent à l'aide de constructions logiques où l'on sent trop l'idée préconçue, volontairement rétrécie, de l'auteur (Tort, Darwinisme, s.v. Delage, 1162‑1164). Ajouter FEW 3, 18b un nouvel article Darwin  ; Schweickard, Deonomastik, 136/141 ; Tort, Darwinisme, 736‑743 ; 929‑935 ; 3165‑3184.


Rédaction TLF 1978 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld. - Relecture mise à jour 2009 : Frankwalt Möhren ; Wolfgang Schweickard ; May Plouzeau.