DÉROBER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. 1160-70 « dépouiller, piller » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, appendice, 413 [t. 2, p. 321]);
2. a) ca 1360-70 « enlever par larcin ce qui appartient à autrui » (
Baudoin de Sebourc, IX, 876 ds T.-L.);
b) 1549 « prendre par surprise d'une façon adroite » loc.
à la desrobee (
Est.); 1588
victoire desrobee (
Montaigne,
Essais, éd. A. Thibaudet, livre 1, chap. 6);
3. 1534 pronom. équit. (
Rabelais,
Gargantua, éd. R. Calder, chap. 40, ligne 37 : le cheval
se desrobe dessoubz luy); d'où 1677
se derober sous (ici, en parlant des genoux) (
Racine,
Phèdre, I, 3);
4. 1538 pronom.
se desrober de/à « s'échapper de, se soustraire à quelque chose » (
Est.);
5. 1636 trans. « soustraire habilement quelqu'un, quelque chose pour le préserver de ce qui le menace » (
Corneille,
Le Cid, III, 1);
6. 1549 « cacher, dissimuler aux regards »
enfant desrobbé (
Est.); 1603, 23 juin
appartements derobés (
Mémoires de Sully, t. IV, p. 355 ds
Havard);
cf. 1677 trans. (
Racine,
op. cit., V, 3). Dér. de l'a. fr.
rober « piller, ici un pays »
ca 1130 (
Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2287) du germ. *
raubôn « voler, dérober »,
cf. h. all.
roubôn «
id. » (
Graff t. 2, p. 358), got.
bi-raubôn (
Feist),
vies.
raubaverit (
Loi Salique, Pactus Legis Salicae, éd. K. A. Eckhardt, t. II, 1, p. 344, 4), all.
rauben; préf.
dé-* (lat.
de-).