CONSOMMER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Ca 1120
consummer « détruire, anéantir » (
Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, 118, 87 [consummaverunt me in terra]);
id. [ordeet]
consummede (
ibid., 7, 10 prob.
consummetur nequitia peccatorum, v.
TLL s.v. 604, 38-39) −
xviies., v.
Livet.
B. Fin
xiies. « accomplir, parfaire » (
Moralité sur Job, 347, 5 ds T.-L.); 1588
consommer le mariage (
Nic. de Montreux,
Sec. Liv. des bergeries de Julliette, f
o10 r
ods
Gdf. Compl.);
ca 1570 part. passé adj. (
Carloix, VIII, 17 ds
Littré :
consommé aux affaires d'Estat); 1668
art consommé (
R. de Piles,
Art de Peinture, pp. 8-9 ds
IGLF); av. 1590 part. passé substantivé « bouillon concentré où tout le suc de la viande est passé » (
Paré, XVI, 12 ds
Littré).
C. 1580 « faire disparaître [par l'usage] » (
Montaigne,
Essais, I, 14 : jusqu'à ce qu'ils
eussent consommé leurs victuailles); 1844 « prendre une consommation dans un café » (
Balzac,
Splendeurs et misères des courtisanes, p. 310). Empr. au lat.
consummare (de
cum et
summa « somme ») littéralement « faire la somme de » d'où class. « accomplir, achever, porter à sa perfection » (sens B); dès le lat. chrét. on constate une confusion entre
consumere (consumer*
) et
consummare devenu synon. de
perdere, destruere (v.
TLL s.v., 604, 21
sqq.), le glissement étant facile du sens de « achever, mener à son accomplissement, sa fin » à « détruire », notamment dans le domaine de la parousie où sont annoncés l'achèvement des temps et la fin du monde, d'où le sens A; C est issu de
consumer (
cf. aussi
consumare synon. de
devorare en lat. chrét.,
TLL s.v., 604, 49). Le domaine respectif de chaque verbe a été déterminé par Vaugelas (1647
Remarques sur la langue françoise, pp. 300-302) et par l'Académie française (
Observations sur les Remarques de Vaugelas, 1705, t. 2, pp. 8-10), v. aussi
Livet.