CONJONCTION, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1160
conjoncïon « réunion » (
Benoit de Sainte-Maure,
Troie, éd. L. Constans, 29861);
b) ca 1200 « union charnelle » (
Chevalier au Cygne, éd. Hippeau, 112);
2. ca 1270 astrol. astron.
(Introductoire d'astronomie, Richel. 1353, f
o66
eds
Gdf.,
s.v. conjonctional). B. xives. gramm. (Fonds Saint-Germain, ms. 1460 ds
Thurot, p. 51). Empr. au lat. class.
conjunctio aux sens A 1 et A 2; au b. lat.
conjunctio au sens B.
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
I. A. 1. a./3. « union, liaison, accord ». Attesté depuis ca 1160 (BenTroieC, volume 4, page 363, vers 29861 : [Ulysse a une vision d'un être qui lui parle] Ulixés, Saches ceste conjoncion, Cist voleirs, ceste assembleison, Que de mei et de tei desires, Ço sunt duel mortel, plor et ires). -
I. A. 1. b. « union charnelle ». Attesté depuis ca 1200 (ElucidaireiiiD, page 61, § II 39D : icele conjunctiun ne puisset estre faite senz charnel delit). -
I. A. 2. « rencontre de deux ou plusieurs planètes en ligne droite par rapport à un point de la terre ». Attesté depuis ca 1270 (Li Livres Abu Ali, f° 66 v° a : les segnors de la triplicité de la conjunction). -
I. B. « rencontre fortuite (en parlant d'événements) ». Attesté depuis milieu 14e siècle (TristNantS, page 209, vers 4552 : [Tristan fait des avances maladroites à Blanchandine] La se nourrit amour par tel conjonction C'oncques puis la danzelle n'ama se Tristan non). -
II. A. 1. « mot invariable qui a pour fonction de joindre deux mots ou groupes de mots » (grammaire). Attesté depuis 2e moitié 13e siècle (DonatbS, page 87, § 20 : Qu'est conjunctions ? Une partie d'orison qui conjoint les autres parties et ordene). -
II. A. 2. a. conjonction de coordination loc. nom. fém. « mot invariable chargé d'unir des éléments de même statut : soit des phrases ou des sous‑phrases, soit, à l'intérieur d'une phrase, des éléments de même fonction » (grammaire). Attesté depuis 1888 (Brachet, Grammaire, page 267 : Les principales conjonctions de coordination sont et, ou, ni, mais, car, donc, or, cependant, néanmoins, sinon, toutefois, les principales conjonctions de subordination sont comme, lorsque, puisque, quand, que, quoique, si, etc.). -
II. A. 2. b. conjonction de subordination loc. nom. fém. « mot invariable qui sert à unir deux éléments de fonctions différentes, dont l'un est une proposition, soit sujet, soit complément » (grammaire). Attesté depuis 1888 (Brachet, Grammaire, page 267 : Les principales conjonctions de coordination sont et, ou, ni, mais, car, donc, or, cependant, néanmoins, sinon, toutefois, les principales conjonctions de subordination sont comme, lorsque, puisque, quand, que, quoique, si, etc.). -
II. B. « répétition du même mot invariable reliant les différentes parties d'une période pour produire un effet d'insistance » (rhétorique). Attesté depuis 1845 (Bescherelle : conjonction. s. f. […] — Rhét. Figure qui consiste dans la répétition de la même conjonction qui lie tous les membres, toutes les incises d'une période). -
Origine :
Transfert linguistique : emprunt au latin conjunctio subst. fém. « union, liaison » (attesté depuis Cicéron, TLL 4, 327), « union charnelle » (attesté depuis Cicéron, TLL 4, 329), « rencontre de deux ou plusieurs planètes » (attesté depuis Cicéron, TLL 4, 328), « conjonction (terme de grammaire) » (attesté à partir du milieu du 4e siècle, TLL 4, 328). Les locutions nominales conjonction de coordination et conjonction de subordination sont des formations françaises, l'emploi comme terme de rhétorique représente une évolution sémantique propre au français. Cf. Lausberg in FEW 2, 1052b‑1053a, conjunctio.
Rédaction TLF 1977 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2007 : Thomas Städtler.. - Relecture mise à jour 2007 : Éva Buchi ; Stephen Dörr.