CONDITIONNER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1280 « soumettre à certaines conditions, certaines contraintes » (
J. de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 13846);
2. a) 1823
le conditionné subst. philos. « ce qui est déterminé par des circonstances, des faits extérieurs » (
Maine de Biran,
Journal, p. 409); 1883
conditionner des phénomènes (
P. Bourget,
Essais de psychologie contemp., p. 62); 1928
réflexe conditionné psychol. (
Malraux,
Les Conquérants, p. 172);
b) 1900 « déterminer le comportement de quelqu'un (en parlant d'événements, de circonstances) » (
Barrès,
L'Appel au soldat, p. 42 : Prends une connaissance riche et forte de ton pays; tu es
conditionné de naissance pour la posséder).
B. 1. 1304 « convenir, faire une convention » (
Lit. tom. 1. Ordinat. reg. Franc., pag. 413, art. 2 ds
Du Cange t. 2,
s.v. conditionare, p. 489b) −
xvies. ds
Hug.;
2. 2
emoitié
xives. « charger de clauses (un pacte, un accord) » (
Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, III, 316 d'apr.
Scheler,
Gloss.).
C. 1 1611, févr. [
une marchandise]
bien conditionnée « pourvue des qualités requises » (
Arrêt ds
Kuhn, p. 68); 1694
conditionner « faire quelque chose avec les qualités requises »
(Ac.);
2. 1769
soie conditionnée « soie ayant subi l'opération de conditionnement » (
P. Giraudeau,
La Banque rendue facile, p. 468 ds
Littré);
3. 1949 « préparer des produits pour la vente » (
G. Brunerie,
Les Industr. alim., p. 26). Dér. de
condition*; dés.
-er. Le terme de philos. est un calque de l'all.
das Bedingte ([1781]
E. Kant,
Critique de la raison pure, Dialect. transc. livre II, ch. 2, p. 342 ds
Lalande), prob. par l'intermédiaire de l'angl.
the conditioned qui semble avoir été antérieurement calqué sur l'all. par le philosophe angl. William Hamilton [1788-1856] (1829,
W. Hamilton,
Discuss., 14 ds
NED : The conditionally limited [which we may briefly call the conditioned...]), v. aussi
Lalande. Le terme de psychologie est prob. un calque de l'angl.
conditioned reflex (1915,
W. H. Howell,
Physiol. ds
NED Suppl. : A class of reflexes... which he [Pavlov] calls conditioned reflexes), peut-être antérieurement attesté dans une trad. du physiologiste russe I. P. Pavlov [1849-1936] qui dès 1903 publia ses travaux sur le réflexe conditionné.