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notices corrigéescatégorie :
COGNITIF, IVE, adj.
Étymol. et Hist. Ca 1370 puissance cognitive (Oresme ds Meunier, Essai sur la vie et les ouvrages de Nicole Oresme, p. 166), attest. isolée chez cet auteur qui emploie surtout cognoscitif (v. Gdf.); à nouv. 1541 (Calvin, Institution, 2, 41 ds Hug.), repris au xixes. (Villers, Philosophie de Kant, 1801, p. 1 : L'homme [...] est un être cognitif). Empr. au lat. médiév. cognitivus (xiiies. Albert le Grand ds Mittellat. W. s.v., 769, 69 : potentia cognitiva).

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. « qui concerne la connaissance » (philosophie). Attesté depuis 1370 [dans le syntagme puissance cognitive] (OresmeEthM, page 357 = DMF2009 : car l'abit de prudence n'est pas fait en l'ame ne adjousté a cest voiement, c'est a dire, a ceste puissance cognitive qui est demotique senz vertu moral). On en relève deux attestations au 15e siècle (1477, Boèce, Consolation, fo 226 ro b : On respond que providence a double raison, cestassavoir cognitive et factive quant a la raison cognitive elle ne delaisse riens des choses preveues [attestation que nous a aimablement fournie Franz Lebsanft qui prépare en collaboration avec Désirée Cremer une édition de ce texte] ; ca 1480, MistSQuentC, vers 2548) et une troisième, en 1541, sous la forme vertu cognitive chez Calvin, Institution, livre 1, chapitre 15, § 6, page 216, cf. Huguet : Et ainsi qu'il y a trois vertus en l'âme, qui appartiennent à congnoistre et entendre, lesquelles, pour ceste cause, sont nommées cognitives : assavoir la raison, l'intelligence et la fantasie. À en juger d'après les matériaux disponibles, on ne relève pas d'autres attestations avant 1787, où le mot cognitif réapparaît dans une traduction de l'anglais du philosophe Thomas Hobbes [1588–1679] établie par le Baron d'Holbach [1723–1789] (Hobbes, Œuvres Philosophiques, page 197, in Google, Recherche de Livres : la connoissance de ces êtres : la faculté ou le pouvoir par lequel nous sommes capables d'une telle connoissance, est ce que j'appelle ici pouvoir cognitif ou conceptif, ou pouvoir de connoître ou de concevoir). L'éclipse du lexème en français au cours des 17e et 18e siècles s'explique sans doute par le fait qu'à cette époque, la plupart des ouvrages philosophiques étaient écrits en latin, langue de communication scientifique utilisée par la communauté internationale des philosophes. C'est ce qui ressort d'une recherche menée sur Google, Recherche de Livres (cognitiva), qui montre que potentia cognitiva, vis cognitiva, virtus cognitiva étaient des termes techniques omniprésents dans les textes philosophiques édités en latin du temps de Hobbes, lequel connaissait évidemment ces textes, tout comme les philosophes français. Ainsi, malgré l'absence de témoignage écrit attestant l'utilisation du terme en français aux 17e et 18e siècles, il est légitime de supposer que les philosophes de l'époque employaient aussi bien le lexème français que le lexème latin lorsqu'ils s'exprimaient entre eux, étant donné l'implantation du terme technique dans le domaine. - 
B. « qui concerne les moyens et mécanismes d'acquisition et d'utilisation des connaissances » (psychologie). Attesté depuis 1956 (Gressot, CPLR 20, page 74 : C'est ainsi que le petit enfant […] réagit à des signes de communication de sa part ; or le côté cognitif de la compréhension de ces signaux fait encore partie du lien libidinal entre sujet et objet). - 
C. fonction cognitive loc. nom. fém. « une des six fonctions du langage, décrites dans le schéma de Jakobson, orientée vers le message en tant qu'il véhicule une information sur les objets du monde » (linguistique). Attesté depuis 1963 [dans une traduction de l'anglais du linguiste Nicolas Ruwet] (Jakobson, Linguistique générale, page 214 : Mais, même si la visée du référent, l'orientation vers le contexte – bref la fonction dite "dénotative", "cognitive", référentielle – est la tâche dominante de nombreux messages, la participation secondaire des autres fonctions à de tels messages doit être prise en considération par un linguiste attentif). Remarque : la locution fonction cognitive s'applique essentiellement aux fonctions mentales intelligentes (raisonnement, attention, perception, prise de décision, jugement, décision, langage, etc.), que cela soit à propos d'une cognition humaine, animale ou artificielle (Petit Robert 2008 ; recherche menée sur Internet). - 

Origine :
A. Transfert linguistique : emprunt au latin scolastique cognitivus adj. « qui concerne la connaissance » (attesté depuis fin 13e s. dans les traductions latines des œuvres d'Aristote, cf. OresmeEthM, Oresme's Sources, 36 : "At the end of the thirteenth century the task of translating the Aristotelian corpus into Latin was well‑night completed"). Le terme a été introduit en français par Oresme, qui s'est basé, dans son adaptation du Livre de Ethiques d'Aristote, non pas sur les textes grecs d'Aristote mais sur les traductions latines (cf. OresmeEthM, Introduction, 37 : "However, Oresme's purpose was wholly practical and whatever scruples he may have felt concerning his own ignorance of Greek did not prevent him from relying exclusively upon the extant Latin translations"). Par ailleurs, parallèlement à puissance cognitive, Oresme utilise plus fréquemment puissance cognoscitive. Quant à Christine de Pizan, elle emploie le syntagme vertu cognoscitive (cf. DMF2009) qu'elle emprunte peut‑être à la traduction très répandue au 15e s. du Livre de Boèce de Consolation (cf. ca 1350, Consol. Boèce C. : vertus congnoissitives ; Cropp, MA 87, 387). Cf. von Wartburg in FEW 2, 848a , cognoscere II 6 a.
B. Transfert linguistique : emprunt à l'anglais cognitive adj. « qui concerne les moyens et mécanismes d'acquisition et d'utilisation des connaissances » (attesté depuis 1908, Strong, Mél. James, 391 in Open Library ; 1939, Moore, Cognitive psychology, in Google, Recherche de Livres ; depuis seulement 1948, OED2). Ajouter FEW 18, 45a un nouvel article cognitive.
C. Transfert linguistique : calque de l'anglais cognitive function loc. nom. « fonction du langage orientée vers le message en tant qu'il véhicule une information sur les objets du monde » (attesté depuis 1960 dans une publication qui trouva son origine dans une conférence interdisciplinaire réunissant notamment des linguistes et des psychologues, Jakobson, SIL, 353 ; Ø OED2)..


Rédaction TLF 1977 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2010 : Laure Budzinski ; Julie Archen.. - Relecture mise à jour 2010 : Franz Rainer ; Franz Lebsanft ; Xavier Gouvert ; Thierry Olive ; Éva Buchi ; Jean-Loup Ringenbach ; Nadine Steinfeld.