CHEVALIER1, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 dr. féodal
chevaler (
Roland, éd. J. Bédier, 359); 1130-40
chevalier (
Wace,
Conception ND, éd. W. R. Ashford, 29); spéc.
ca 1130
armer quelqu'un a chevalier (
Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 332);
ca 1170
chevalier errant (
Chrétien de Troyes,
Erec, éd. M. Roques, 1117);
ca 1275 fém.
chevaliere « femme de chevalier » (
J. de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 11551); 1690 (
Fur. :
Chevalier s'est dit [...] de ceux qui ont entrepris de servir & de proteger une Dame); 1762
se faire le chevalier de quelqu'un (Ac.); 1855 fig.
se poser en chevalier pour quelqu'un (
supra ex. 9);
2. a) 1512 « celui qui reçoit une décoration instituée par un souverain » (
Livre des ordonnances des chevaliers de l'ordre du tres chrestien roy de France Louys XI a l'honneur de Sainct Michel ds
Chev. Topo-); d'où 1606 désigne un titre de noblesse (
Nicot);
b) 1538 [d'apr.
FEW t. 2, p. 3] 1549
chevalier « membre de certains ordres militaires et religieux » (
Est.); ironiquement 1555
chevalier de l'ardente espée (
J. Tahureau,
1erDial. du Democritic, p. 18 ds
Hug.); 1633 iron.
chevaliers de l'industrie (
De La Geneste, trad. de
Quevedos,
Historia de la Vida del Buscón d'apr.
FEW, s.v. caballarius, note 3 et
Cor.,
s.v. caballo, note 4); 1713
chevalier d'industrie (
Gongam ou l'
Homme prodigieux, etc., 2
eédition. A Paris, chez Pierre Prault, in-8
o, tom. 1
er, p. 99 ds
Michel); 1732 fém.
chevaliere « femme qui appartient à un ordre de chevalerie »
(Trév.);
3. 1548 hist. romaine
chevalier « citoyen romain, membre de l'ordre équestre » (Ét. de la Planche, trad. des Cinq prem. Liv. des
Annales de
Tacite, L. III, p. 128 ds
Hug.);
4. sc. nat.
a) 1555-57 ornith. (
Bel[
on], 1. 4 ds
Rich.);
b) 1814 ichtyol.
ombre-chevalier (
Bernardin de Saint-Pierre,
Harmonies de la nature, p. 227). Du b. lat.
caballarius attesté au sens de « cavalier » dans les gloses (
TLL s.v. et
Hollyman, p. 130, note 8) puis de « guerrier à cheval » (807 [?]
Capitulaire des rois francs ds
Nierm.) d'où « homme tenu à fournir certains services avec un cheval » (mil.
ixes. ds
Mittellat. W. s.v., 2, 11) puis « homme appartenant à l'ordre des chevaliers » (
ca 961,
ibid., 2, 18), « vassal qui accomplit le service chevaleresque » (fin
ixes.,
Relations des comtes de Foix avec la Catalogne ds
Nierm.); v. aussi
Hollyman, pp. 129-135.
Chevalier d'industrie est la trad. de l'esp.
caballero de industria, le mot étant passé du castillan dans toutes les lang. européennes. Au sens 3,
chevalier traduit le lat.
eques (
cf. caballus qui a évincé
equus). Voir J. Flori ds
Le Moyen Âge, t. 81, 1975, pp. 219-244 et 407-447.