CHANTER, verbe.
Étymol. et Hist. A. Trans.
1. a) xes.
cantomps de (1
repers. plur. ind. prés.) « célébrer quelqu'un avec des chants » (
St Léger, éd. J. Linskill, v. 3);
b) av. 1528 « célébrer avec lyrisme » (
C. Marot,
Chanson, XII, 23 ds
Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 185); 1796 p. ext.
chanter victoire (
Restif de La Bretonne,
M. Nicolas, p. 188);
2. xes. « faire entendre (un chant) exécuter (un morceau) »
Missae cantat (
St Léger, éd. J. Linskill, v. 82);
3. 1165-70 « dire, conter » (
Chr. de Troyes,
Erec, éd. Foerster, 2802).
B. Intrans. mil.
xies. « faire entendre des chants (ici en signe de joie) » (
Alexis, 112
eds T.-L.); p. anal.
1. a) 1
remoitié
xiies. « faire entendre un chant (en parlant des oiseaux) » (
Charroi Nîmes, 16,
ibid.);
b) 2
etiers
xiiies. «
id. (en parlant d'un instrument de musique) » (
Poire, 1133,
ibid.);
c) 1847 fig. « convenir, paraître agréable » (
Leconte de Lisle,
Poèmes antiques, Niobé, p. 202);
2. 1690 « parler, lire avec des inflexions qui rappellent le chant » (
Fur.);
3. 1640
faire chanter qqn « (d'un criminel mis à la question) obtenir des aveux » (
Oudin Curiositez); 1674 fam.
chanter « céder à des pressions » (
Montfleury,
Le Comédien poëte, III, 9 ds
Littré); d'où 1808
faire chanter qqn « extorquer par ruse ou par force une somme d'argent » (
Hautel). Du lat. class.
cantare attesté à l'emploi trans. aux sens 1, 2, 3; lat. médiév.
missam cantare (
Hugeb.,
Wynneb., 10 ds
Mittellat. W. s.v., 192, 33); à l'emploi intrans. aux sens 1 a et b en parlant des oiseaux, d'un instrument de musique; l'hyp. de
P. Guiraud,
Mélanges d'étymol. arg. et pop. ds
Cah. Lexicol., 1970, t. 17, n
o2, p. 6 et 7 selon laquelle B 3 serait dér. de
chant2* « partie étroite d'un objet » (lat.
canthus) dont les dér.
canter, achanter, décanter (
FEW t. 2, 1, p. 228,
s.v. canthus) signifient « s'incliner » ou « incliner »,
chanter signifiant « s'incliner, se soumettre, céder à des pressions », n'emporte pas la conviction (v.
FEW t. 2, 1, p. 224a, note 6);
faire chanter signifie vraisemblablement à l'orig. « arracher un aveu sous l'effet de la torture » (v.
Oudin,
loc. cit. et J. Brüch ds
Z. fr. Spr. Lit., t. 50, 1927, pp. 304-305).