CHAMPION, ONNE, subst.
Étymol. et Hist. I. Champion 1. ca 1100
campiun « celui qui combat en champ clos pour soutenir une cause »
(Roland, éd. J. Bédier, 2244); 1130-60
champïon (
Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 501 ds T.-L.) − av. 1507 (
Molinet,
Chron., éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. II, p. 313 [année 1492]), devenu ensuite terme hist.; 1704 [en Angleterre]
champion du roi (Trév.);
2. p. ext. 1552 « combattant quelconque (pour une cause) » (
Est.); 1668 « homme qui combat » (
La Fontaine,
Fables, I, 13 ds
Littré); n'est plus empl. dans la lang. class. que dans le style burlesque (
Brunot t. 4, p. 329);
3. 1560 fig. « celui qui défend une pers., une cause » (
E. Pasquier,
Recherches de la France, 799 ds
IGLF);
4. 1877, 14 juill., sports, v.
championnat. II. Championne 1. 1558 « femme qui soutient un combat contre qqn » (
Des Périers,
Nouvelles récréations, 63, éd. L. Lacour, p. 227); 1663 (
Molière,
L'Étourdi, V, 9), rare;
2. 1803 « femme hardie » (
Boiste);
3. 1922
championne à la course (
Colette,
La Maison de Claudine, p. 50). I du germ. *
kampjo « combattant dans un duel judiciaire » (J. Brüch ds
Z. rom. Philol., t. 38, 1914-17, pp. 697-698 et t. 40, 1920, pp. 691-695;
REW3, n
o4671;
FEW t. 16, p. 299b;
Bl.-W.5;
Dauzat 1973; v. aussi
Diez5, p. 83) par l'intermédiaire du lat. médiév.
campio «
id. » attesté en 643 ds
Mittellat. W. s.v., 132, 30 sous la forme
camfio, var.
campio, v. aussi
Nierm.; le germ. *
kampjo (que l'on peut déduire de l'a. h. all.
chempf(j)o, m. h. all.
kempfe « combattant dans un combat singulier », ags.
cempa, a. nord.
kappi « combattant »,
Kluge20,
s.v. Kämpfe) est dér. du germ.
kamp « lieu du combat », lui-même empr. par les mercenaires germ. au lat. class.
campus (champ1*
) « lieu du combat », p. méton. « combat » qui au
vies. prit le sens de « champ clos du duel judiciaire »,
Nierm. et de « duel judiciaire »,
ibid. L'hyp. d'une orig. frq. du fr. (
EWFS2;
Gam. Rom.2t. 1, p. 278) semble à écarter étant donnée l'apparition relativement tardive du mot dans le domaine franc (
ixes., v. Brüch,
loc. cit., t. 40, p. 694 et
Mittellat. W.). Le syntagme fr.
champion du roi est le calque de l'angl.
champion of the king 1672 ds
NED; un empr. sém. à l'angl. pour 4 (
Mack. t. 1, p. 165; Barbier ds
Mod. Lang. R., t. 16, 1921, p. 93) est improbable, ce sens attesté dans toutes les lang. européennes, étant facilement dér. des sens précédents. II fém. de I.