CERBÈRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. « Chien à trois têtes qui gardait la porte des enfers » d'où
xvies. « gardien intraitable » (
Marg. de Valois,
Mém., an. 1576 ds
Gdf. Compl. : Les
cerberes que l'on avoit mis a ma porte); 1668 (
La Fontaine,
Fables, III, 18 ds
Littré : Que ce chat exterminateur, Vrai
cerbère, était craint une lieue à la ronde); 1690 (
Fur. : On appelle figurement & par exaggeration un Suisse ou un Portier trop rebarbatif, un
Cerbere). Empr. au lat.
Cerberus, nom du chien à trois têtes qui gardait la porte des enfers (Cicéron ds
TLL s.v., 332, 46), lui-même empr. au gr. κ
ε
́
ρ
ϐ
ε
ρ
ο
ς (Hésiode ds
Liddell-Scott).
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
A. Au propre : « animal, monstre analogue au gardien des Enfers de la mythologie grecque ». Attesté depuis 1501 (La vigne, Compl. roy Bazoche M.R., page 389 = DMF2 : O Atropos, pluthonique, scabreuse, Furie aride, sulphurinée, umbreuse, Fière boucquine, bugle, cerbère, Cabre, beste barbare, tenebreuse). -
B. Au figuré : « personne gardant l'entrée d'une pièce ou d'un bâtiment (souvent péjoratif et ironique) ». Attesté depuis 1576 (Valois, Mémoires, page 72 = GdfC : Le seul brave Grillon est celuy qui, mesprisant toutes deffenses et toutes desfaveurs, vinst cinq ou six fois en ma chambre, estonnant tellement de crainte les cerberes que l'on avoit mis a ma porte, qu'ils n'osèrent jamais le dire, ny luy refuser le passage). -
Origine :
Formation française : translation déonomastique du nom propre de créature mythologique Cerbère (nom du chien à trois têtes qui gardait la porte des Enfers dans la mythologie grecque) (ci‑dessus A.). Le nom propre Cerbère est lui‑même emprunté au latin Cerberus « canis Orci » (attesté depuis Cicéron, < grec Κέρβερος, TLLOnomasticon C, 332‑333). À partir de ce sens étymologique, le français a développé dès le 16e siècle un sens figuré (ci‑dessus B.). Le latin connaissait déjà des emplois métaphoriques (Pétrone [en parlant d'un avocat] et Jérôme [en parlant d'un messager], Forcellini 5, 357a), mais sans rapport direct avec ce sémantisme moderne. Cf. von Wartburg in FEW 2, 601a, Cerberus.
Rédaction TLF 1977 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2007 : Sarah Leroy. - Relecture mise à jour 2007 : Gilles Petrequin ; Éva Buchi ; André Thibault ; Franz Rainer ; Enrico Arcaini.