CAR1, conj. de coordination.
Étymol. et Hist. I. A. 1. Conj. de coordination
xes.
car (
Jonas d'apr.
Bartsch Chrestomathie, 9, 4, 25);
xies.
quer (
Alexis, ibid., 9, 2);
2. conj. de subordination
a) ca 1120
pur ço quer synon. de
por ce que (
S. Brendan, éd. E. G. R. Waters, 300), seulement en a. fr.;
b) 1167-1170
car « parce que » (
Gautier d'Arras,
Ille et Galeron, éd. W. Foerster, 1858 ds T.-L.) −
xvies. ds
Hug.;
c) 1295 [
la]
raison est quar (Arch. J. 456, pièce 36 ds
Gdf.); ce type de syntagme, encore en usage au
xviies., est à l'orig. des crit. formulées par Malherbe contre l'emploi de
car auxquelles répondirent les plaidoyers de Vaugelas et de Voiture (v.
Brunot t. 3, pp. 385-388 et Ph.
A. Wadsworth,
The ,,
Car``
quarrel ds
Mod. Lang. Quaterly, t. 1, 1940, pp. 527-538) : le syntagme en question disparut, mais
car demeura ds l'emploi A 1.
B. 1. Adv. causal
xies.
quer « c'est pourquoi, en conséquence » (
Alexis, éd. C. Storey, 123c) −
xvies. ds
Hug.;
2. Particule introduisant
a) une phrase jussive (emploi avec l'impér.)
xies.
quar (
Alexis, ibid., 11b);
b) une phrase optative (emploi avec le subjonctif)
quer (
ibid., 46a).
II. Subst. masc. invar. 1616-20
sans si et sans car « sans condition » (
D'Aubigné,
Hist. univ., XII, 23 ds
Hug.). Du lat. class.
quare (composé de
quā
et de
rē, proprement « par quelle chose ») adverbe interrogatif « pourquoi? »; adverbe causal « c'est pourquoi » d'où I B 1; l'emploi I B 2 dér. de I B 1 : dans les 2 cas, c'est le cont. de la 1
repartie de la phrase qui fournit l'explication de ce qui suit (
G. Moignet,
Gramm. de l'a. fr., Paris, 1973, p. 289). L'emploi I A 1 (conjonction de coordination) est bien attesté en lat. vulg. (av. 79 apr. J.-C., CIL, IV, 2421 ds
Vään. Inscr., p. 213 : Rufa, ita vale quare bene felas; de même CIL, IX, 3473, épitaphe ds
Vään. 1967, p. 171 : ita tu qui legis, bona vita vive, sodalis, quare post obitum nec risus nec lusus nec ulla voluptas erit); cet emploi a vraisemblablement son point de départ dans
quare interrogatif employé dans des parataxes du type : non es eques; quare? non sunt tibi milia centum,
Suétone Tib., 59,
ibid. (
cf. l'emploi similaire de
cur, Ennius Frag. var., 18 ds
TLL, s.v. cur, 1440, 36); I A 2 (subordination) est dér. de I A 1 (coordination); à rapprocher de
por ce quer et de
la raison est car, l'emploi du lat.
quia avec valeur interrogative, notamment en lat. arch., dans le composé
quianam (v.
Forc. s.v. 3
oet
Ern.-Meillet) et en lat. vulg. (v.
E. Löfstedt,
Philologischer Kommentar zur ,,
Peregrinatio Aetheriae``, Uppsala [1911], p. 324 et
Id.,
Late latin, Oslo, 1959, p. 179). −
Quer et
quar (car) sont tous deux issus de
quare selon qu'il est tonique ou atone (v. E. Richter ds
Arch. rom., t. 16, 1932, pp. 207-210;
FEW t. 2, p. 1422a, note 3); l'hyp., pour
quer, d'un croisement avec
que (
REW3, n
o6934) ne semble pas nécessaire.