CALIBRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1478 (
Statuts des Platriers, ap. Ouin-Lacroix. Hist. des anciennes corp. de Rouen, 717 d'apr.
Delb. Notes); av. 1571 « capacité d'une chose par rapport au volume qui doit la remplir (ici en parlant d'un canon) » (Carloix, VII, 7 ds
Littré); 1636 « volume d'un projectile; d'un objet cylindrique ou sphérique » (Le
P. Monet,
Invantaire des deus langues fr. et lat., Genève); d'où fig. 1548 « importance » (
N. Du Fail,
Cont. d'Eutr., XIX ds
Gdf. Compl.); 1611
n'être pas du même calibre « différer de sentiments et d'opinions » (
Cotgr.,
s.v. qualibre);
2. 1690 « instrument servant à vérifier le calibre d'une arme » (
Fur.);
3. 1694 technol. « (dans la fabrication de divers objets d'art, d'industrie) modèle sur lequel sont tracés les contours, les dimensions de l'objet à fabriquer » (
Corneille). Empr. à l'ar.
qālib, qālab (
Lok., n
o1030;
FEW t. 19, p. 82b;
Bl.-W.5) « moule où l'on verse les métaux » (
ixes., Aboûl'Atâhiya ds
Lammens, p. 70); « forme de cordonnier » (début
xiies., Harîrî; 1505, P. de Alcala ds
Dozy t. 2, p. 391a); « forme de marbre servant de support pour un turban » (début
xves. ds
Sacy,
Chrestomathie ar., Paris, t. 1, 1826, pp. 235-236). L'ar. est lui-même empr. au gr. κ
α
λ
ο
́
π
ο
υ
ς, κ
α
λ
α
́
π
ο
υ
ς « forme en bois pour fabriquer des chaussures » (composé de κ
α
̄
λ
ο
ν « bois » et de π
ο
υ
́
ς « pied », v.
Chantraine,
s.v.
κ
α
̄
λ
ο
ν; v. aussi
Lammens, pp. 70-71;
Dozy,
loc. cit.). − L'hyp. d'un intermédiaire ital.
calibro (
Kohlm., p. 35;
DG;
EWFS2;
Webster's;
Dauzat 1973) fait difficulté du point de vue chronol., ce mot n'étant pas attesté av. le
xviies. (Galilée ds
Batt.); il en va de même pour l'esp.
calibre (
Rupp., p. 286;
REW3, n
o4663a) attesté seulement dep. 1583 (sous la forme
calibio, Escalante;
calibre en 1594, B. de Mendoza d'apr.
Cor.). Selon
Bl.-W.5;
Cor.;
FEW, loc. cit.;
Hope, p. 330, l'ital. et l'esp. seraient empr. au français.