CAISSE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) [1365
quecce d'apr.
Bl.-W.1-5repris ds
FEW t. 2,
s.v. capsa]; 1553
caisse « coffre » ([
P. Belon],
Observations II, 42 − 1588, p. 254 − ds
R. Philol. fr., t. 43, p. 182);
b) divers emplois techn. : 1733 horlog. (
Inv. chev. Roze, 7 ds
IGLF Techn.); 1768 pop. « cercueil » (
Desgrouais,
Les Gasconismes corrigés, p. 71); 1820
caisse d'un clavecin, d'un orgue, d'un forte-piano (
Lav.); 1831 mar.
caisse [
à eau] (
Will.); 1832 automob. (
Raymond); 1918 « avion » (
A. Dauzat,
L'Arg. de la guerre, p. 250 :
caisse à biscuits);
c) p. anal. 1808 pop. « ventre, estomac » (
D'Hautel,
Dict. du b. lang.); 1928 pop. « poitrine » (
J. Lacassagne,
L'Arg. du «
milieu »);
2. a) 1611 mus.
caisse « tambour » (
Cotgr.); 1787 fam.
battre la caisse « chercher à obtenir des avantages » (
Fér. Crit.);
b) p. anal. 1762 anat.
caisse du tambour (Ac.) supplanté par
caisse du tympan (1832,
Raymond);
3. fin., comm.
a) 1636 « coffre où l'on dépose argent et valeurs » (
Monet,
Invantaire des deus lang., fr. et lat., Genève); 1690
tenir la caisse (
Fur.);
b) 1673 « établissement qui administre les fonds qui lui sont confiés en dépôt » (
Clément,
Lett. Colb. [ert à Rouillé] II, p. 671, note 2 ds
Brunot t. 6, 1, p. 161, note 5);
c) 1690 « fonds que l'on a à sa disposition » (
Fur.); 1882
caisse noire « fonds secrets » (
Figaro ds
Fustier,
supra);
d) 1723 « bureau où se font les opérations financières » (
J. Savary des Bruslons,
Dict. universel de comm., Paris). Empr., sans doute à la faveur de rapports commerciaux, à l'a. prov.
caissa « caisse » (
xiiies., Bertran de Marseille ds
Romania, t. 46, p. 119), du lat.
capsa « caisse pour enfermer des livres » (Cicéron ds
TLL s.v., 362, 15), puis « caisse pour renfermer diverses choses, notamment des fruits » (Pline,
ibid., 25). − L'hyp. d'un intermédiaire *
capsea pour rendre compte de l'a. prov. (Brunel ds
Romania, t. 46, p. 115; Bertoni,
ibid., t. 47, p. 579; Walberg,
ibid, t. 48, p. 273;
FEW t. 2, pp. 312-314) n'est pas nécessaire,
cf. en effet
ipsum >
eis, gypsum >
geis (v.
Schultz-Gora,
Altprovenzalisches Elementarbuch, Heidelberg, 1906, p. 39); les formes de lat. médiév. citées par l'auteur pour le sud de la France, de type
capsea, ne sont pas ant. à la 2
emoitié du
xives. et sont prob. la latinisation de l'
occitan caissa (
Cor.,
s.v. caja). − N'est pas plus nécessaire le recours à la transformation de
capsa en *
caxa pour réaction contre la prononc. vulgaire *
cassa (
Ronjat,
Gramm. hist. des parlers provençaux mod., Montpellier, 1932, t. 2, p. 169).