CAGNE1, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1180-1200
de pute caingne « de mauvaise race » (
Aye d'Avignon, éd. S. J. Borg, 1703);
2. début
xiiies.
faire laide caigne « faire mauvaise mine » (
Prise de Cordres et de Sebille, 666 ds T.-L.);
3. 1456
caigne « femme de mauvaise vie » (
Lettre de rémission ds
Du Cange, éd. 1840, 819); 1456-67
id. «
id. » terme d'injure (
Cent Nouvelles Nouvelles ds
Gdf. Compl. :
caigne que vous estes);
4. 1584
caigne « chienne » (
L. de La Porte,
Trad. d'Horace, Epodes, 5). Empr. à l'a. prov.
canha « chienne » (
FEW t. 2, p. 183
b) attesté à l'emploi fig. de
puta canha « de mauvaise race, engeance, sorte », 1213,
Guil. de Tudele,
Chanson de la croisade albigeoise, éd. P. Meyer, 1802 ds
Levy Prov. (
cf. avec 1), mot maintenu dans les dial., en partic. ceux du Midi, au sens de « chienne »; l'a. prov.
canha est issu du lat. vulg. *
cania, dominant dans le domaine d'Italie du Nord et en prov.
(REW3, s.v. cania; DEI, s.v. cagna), formé sur
canis « chien »,
cf. le b. lat.
cervia « biche » formé sur
cervus « cerf ». Pour le sens de « prostituée »,
cf. vache, poule, rosse, etc. L'hyp. d'un étymon ital.
cagna « chienne » (
DEI s.v.; DG; Brunot t. 1, p. 150;
Dauzat 1968), attesté dep.
ca 1300-10 (
Dante,
Enfer, 13-125 ds
Batt.) est moins satisfaisante, étant donnée l'ancienneté du fr.