C, subst. masc.
HIST. − A.− Origine de C graphique 1. Qu latin. Représente [kw] de mots comme
quarre >
car; quomodo >
comment. [kw] perd très tôt son élément labial devant les vélaires o, u. Évolution traduite dans la graphie par l'alternance
qu/c attestée dès la fin du
iiies. dans l'Appendix Probi, registre de Valérius Probus (
cf. p. ex. lat. vulg.
como pour lat. class.
quomodo). P. ext. la perte de l'élément labial de [kw] se produit plus tard devant les autres voyelles. Elle n'atteint [kw] devant
a que vers la fin du
xiies. (
cf. Bourc.-Bourc. 1967, § 137 Hist.). La graphie
c pour
qu lat. se rencontre dans les plus anc. textes comme la Cantilène de Ste Eulalie du
ixes. (
chi pour
qui). À ce sujet,
cf. Beaul. t. 1 1927, p. 39 et 40 ainsi que p. 66 et 178.
2. t +
yod précédé d'une cons. donnant par palatalisation > [s] sourd écrit
c en français, ex. :
fortia >
force; linteolu >
linceul. Évolution anc. datant du mil. du
iies. (L'Appendix Probi relève déjà :
tersu pour
tertiu).
Cf. G. Straka,
R. Ling. rom., 1956, p. 256.
Cf. aussi
Bourc.-Bourc. 1967, § 147. Pour l'emploi de la graphie
c pour figurer [s]
cf. Beaul. t. 1 1927, p. 64.
3. C lat. correspondant au phonème [k]
a) C [
k]
lat. resté intact en français aussi bien pour la prononc. que pour la graphie.
− Dans les groupes cl, cr initiaux ou précédés d'une cons. Ex. :
clave >
clé; credere >
croire; circulu >
cercle (
cf. Bourc.-Bourc. 1967, § 131 et 133).
− Lorsque c [
k]
lat. à l'initiale ou
derrière cons. se trouve devant o, u. Ex. :
cor >
cœur; rancore >
rancœur (
cf. Bourc.-Bourc. 1967, § 124 et 125).
− Lorsque c [
k]
lat. se retrouve à la finale de mots dont il avait disparu en a. fr. devant s de flexion. Ex. :
be(c)cu >
bec; sa(c)cu >
sac; parc, arc, etc. Pour la restauration de la cons. finale,
cf. Beaul. t. 1 1927, p. 328 et p. 336.
Cf. aussi
Bourc.-Bourc. 1967, § 128.
b) C [
k]
lat. conservé dans la graphie mais effacé dans la prononc. à la finale de certains mots comme
porc, jonc (
cf. Bourc.-Bourc.,
ibid.).
c) C [
k]
lat. transformé quant à la prononc. mais écrit
c en fr. Phénomène de palatalisation. Pour ce phénomène et pour la chronol. relative des palatalisations,
cf. G. Straka,
R. Ling. rom., 1956, pp. 256-261, notamment le tableau en fin d'article.
− Palatalisation de c [
k]
lat. devant yod aboutissant à [s] sourd écrit
c. Ex.
facia face. Palatalisation du
iies.
Rem. Lorsque [s] sourd, écrit
c, se trouve en contact avec
o, la lettre
c porte la cédille :
ç (ex. :
arcione >
arçon) pour éviter la confusion avec
c prononcé [k] devant
o. La cédille employée pour la 1
refois par Tory en 1530, adoptée par Montflory, reste peu employée jusqu'en 1542 où parut le
Traicté du commun usage de l'escriture françoise de Loys Meigret dans lequel l'auteur déclare : ,,Pour nous oster doncques de ceste confusion du c, i'ay advisé que les Hespaignols ont
un ç crochu ou
à queue, dont nous pourrons user devant toutes voyelles devant lesquelles nous usurpons le c en s.`` La cédille s'emploie régulièrement devant
a, o, u à partir du
Dialogue de l'ortografe de 1550 de Jacques Peletier du Mans. Le mot de cédille est attesté pour la 1
refois sous la forme
cerille dans le
Thrésor de la langue françoise de
Nicot 1606 (
s.v. C). Pour plus de détails sur la cédille
cf. Beaul. t. 2 1927, pp. 25-43.
− Palatalisation de c [
k]
lat. initial ou précédé d'une cons. devant
e, i aboutissant à [s] sourd écrit c. Ex. :
centu >
cent; mercede >
merci. Phénomène datant du
iiies.
B.− Orig. de la graphie cc double. − cc lat. vulg. [kk] résultant de l'assimilation d'une cons. implosive à la cons. explosive suivante [k]. Dans le cas, notamment de préf. tels que :
ad >
acc (ex. :
accabler);
ob >
occ (ex. :
occlure);
sub >
succ (ex. :
succube). Les géminations expressives se multiplient dans le lat. vulg. Ainsi l'Appendix Probi corrige :
draco non
dracco. La simplification des cons. géminées [kk] > [k] se fait à partir du
viies. Elles apparaissent simplifiées dans les textes du
xiies. Mais à partir du
xves. la tendance est à réintroduire partout les cons. doubles par réfection sav. (
cf. Beaul. t. 1 1927, p. 188 et 317).
cc double pose le problème épineux et non résolu de l'harmonisation dans l'emploi des cons. doubles. Pour la tentative de l'élaboration de certaines règles,
cf. Thim. 1967.
− kk grec à travers
cc du lat. d'Église dans des mots tels que :
ecclésiastique (lat.
ecclesiasticus < gr.
ekklesiastikos).
− cc devant e, i (prononcé [ks]) dans des mots comme
accident, occident, refaits à partir du
xives. sur le lat.
C.− Orig. de la graphie ch. − ch [kh]
lat. destiné à transcrire les mots grecs et dont l'aspiration tombe (kh > k) très tôt dans la prononc. pop. (
cf. Bourc.-Bourc. 1967, § 110 rem.). Dès le lat. vulg.
h peut disparaître dans la graphie. L'Appendix Probi relève
coclia pour
cochlea. On retrouve
ch [k] en fr. dans les mots sav. d'orig. gr. Au
xiiies. Guiot écrit
crestien, cresme. Mais à partir de la fin du
xves.
h étymol. tend à se réintroduire partout et au
xvies. R. Estienne écrit : ,,
Cresme et mieulx
chresme`` (
cf. Beaul. t. 1 1927, p. 66, 180 et 303). La présence de
h étymol. dans les mots venus du gr. est un autre problème épineux de l'orth. fr. (
cf. N. Catach, J. Golfand, R. Denux,
Orth. et lexicogr., Paris, Didier, t. 1, 1971, pp. 93-95).
− c [
k]
lat. initial ou précédé d'une cons. devant a, aboutissant par palatalisation à [ʃ] écrit
ch. Ex. :
capra >
chèvre; *
vacca >
vache. Palatalisation la plus récente, datant du
ves. puisqu'elle n'a pas eu lieu en a. prov. Elle ne s'est pas produite non plus en Normandie.