BROUET, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − xiiies. « aliment liquide, bouillon » (
Chr. de Troyes,
Erec et Enide, éd. W. Foerster, 492 : var. ms. B,
xiiies. en
broet); 1275 (
Rose, éd. F. Lecoy, 13379) − 1694,
Ac.; 1609 péj. « mauvais ragout » (
Régnier,
Satire X, 301); av. 1660 (
Scarron,
Œuvres burlesques, VIII, 295b dans
Richardson 1930, p. 34 : du
brouet d'andouille).
Dér. (suff.
-et*) de l'a. fr.
breu « bouillon » (1
remoitié
xiiies
Vie de S. François d'Assise, 713 dans T.-L.) très rare; demeuré dans certains dial., notamment le franco-prov. (1520
breu «
id. », canton de Vaud dans
Pat. Suisse rom., s.v. brè) et le liégeois (
brawe « eau de boudin »,
tourner a brawe « avorter, fig. »,
Haust); à rapprocher de l'a. prov.
bro «
id. » (
xiies. dans
Rayn.).
Breu est issu du germ. *
brod « bouillon, jus », que l'on peut déduire de l'a. nord., ags.
brot [angl.
broth « bouillir »], a. h. all.
brod « bouillon »,
De Vries Ancrd. (hyp. de
FEW t. 15, 1, p. 299;
Bl.-W.5;
REW3, n
o1321). Cette orig. germ. semble préférable à une orig. frq. [*
brod] (hyp. de
EWFS2;
Gam. Rom.2, t. 1, p. 384) étant données l'anc. et la solide implantation des corresp. ital. : lat. médiév.
brodium « bouillon » (
ives., Gaudence de Brescia dans
Blaise),
brodettum « soupe, bouillon » (
xiiies. Guill. de Saliceto [médecin à Vérone] et
brodialis adj. « liquide comme du bouillon » (
xiiies. Thadeus Florentinus dans
Mittellat. W. s.v.), ital.
brodo « nourriture liquide » (
xiiies.
Seneca volgar dans
Batt.). L'empr. est dû au fait que les Germains dans l'alimentation desquels la soupe avait une grande place ont fait connaître cette préparation aux Romains qui l'ignoraient.