BRIDE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. [
Ca 1200,
FEW t. 15, 1,
s.v. brîdel, p. 279b];
ca 1223 « courroie placée de chaque côté du mors à la bouche d'un cheval et qui sert à le conduire » (
G. de Coincy,
Miracles Ste Vierge, éd. V.F. Kœnig, Genève, 1955, t. 1, p. 88, vers 622-23); av. 1592 fig. (
Mont. I, 63 dans
Littré); d'où diverses expr.
a) 1532
à bride avallée « très vite, à toute vitesse » (
Rabelais,
Pantagruel, éd. Marty-Laveaux, chap. XLIII); 1538
a bride abattue (
Est.); 1559
à toute bride (
Amyot,
Alex., 9 dans
Littré);
b) 1468
tourner bride « tourner son cheval » (
G. Chastellain,
Chroniques, III, 253 d'apr.
K. Heilemann,
Der Wortschatz von G. Chastellain..., Leipzig, 1937, p. 254); 1
remoitié
xves.
tourner la bride « revenir sur ses pas » (
Monstrel., liv. I, ch. 274.
Complainte des laboureurs de France dans
Littré);
c) 1468
tirer sur la bride « rester dans l'expectative » (
G. Chastellain,
Chroniques IV, 115, 5 d'apr.
K. Heilemann,
op. cit. p. 137);
tenir qqn sur bride (
Id.,
op. cit. III, 187, 20,
ibid., p. 210); 1466
tenir la bride roide (à qqn) (
J. de Bueil,
Le Jouvencel, p. 470); d'où 1538
tenir qqn. (qqch.) en bride (
Est.);
d) 1538
Lâcher la bride à (un sentiment) « donner libre carrière à (un sentiment) »
(Ibid.); d'où 1549
la bride sur le col [cou] « sans gêne en toute liberté » (
Est.);
2. p. anal. 1606 « lien servant à retenir » (
Nicot,
Une bride de chapeau) d'où empl. techn. 1659 cout. (
Duez,
Dittionario italiano e francese :
Bride au habits); 1811 technol. « lien de fer serré autour d'un objet quelconque dans le but de le consolider ou d'unir les pièces qui le composent » (
Mozin); 1792 chir.
(Encyclop. méthod. Méd.).
Terme d'orig. germanique. Étant donnée son aire géogr. primitive limitée à la France du Nord (l'ital., l'esp., le port. sont empr. au fr.,
REW3, n
o1313; de même que, prob. l'a. prov. 1410 dans
Rayn.) et son entrée relativement tardive en fr., l'hyp. la plus probable est celle d'un empr. au m. h. all.
brîdel « rêne »,
Lexer (
Bl.-W.5;
Dauzat 1968;
FEW, loc. cit.); ce m. h. all. correspond à l'a. h. all.
brittil « rêne », v.
bretelle.
L'étymon a. h. all.
brittil (
Diez5, p. 63) ne convient pas du point de vue phon.; l'étymon m. angl.
bridel (
REW3,
loc. cit.) est moins probable étant donné l'aire géogr. du mot et la rareté relative des empr. à cette langue; une orig. frq. (
Gam. Rom2t. 1, p. 308;
EWFS2) est incompatible avec l'apparition relativement tardive du mot français.