BREDOUILLE2, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − A.− 1534 sens libre, jeu de mots par homophonie (
Rabelais,
Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 43 : [...] ma petite couille
bredouille); 1611 subst. fém. jeux « situation avantageuse d'un joueur aux cartes ou au trictrac » (
Cotgr.); 1611
être en bredouille « être un peu éméché »
(Ibid.), attest. isolée, ce sens se retrouve en dial. jersiais (
Le Maistre-Carré, 1966 :
Brédouille ou
brédouoille. Gris); 1680 (
Rich. :
Bredouille [...] Terme de Triquetrac. Partie double qu'on marque de deux jetons.
Grande bredouille. C'est douze jeux de suite qui emportent le double de ce qu'on avoit mis au jeu.
Partie brédouille, partie qui en vaut deux).
B.− 1651
mettre qqn en bredouille « mettre dans l'embarras » (
Scarron,
Virgile, VI, 260a dans
Richardson 1930); 1694 subst. masc. (
Ac. :
Bredouille [...] Celuy qui beguaye, qui parle mal); 1704 (
Trév. : On dit qu'une femme
est sortie bredouille du bal, quand elle n'a point été prise pour danser).
A orig. inconnue, ne semble pas pouvoir être considéré comme le déverbal de
bredouiller* pour des raisons d'ordre sém. : on ne peut en effet rapprocher
bredouille, terme de jeu, de
bredouiller puisque
partie bredouille, grande bredouille, gagner la partie bredouille (etc., v. le
Traité de Trictrac dans
Trév. Suppl. 1752) font réf. à un jeu particulièrement chanceux. B est peut-être issu de A, la notion de « situation défavorable, embarrassante » exprimant l'état de celui qui est victime du gagnant (
cf. angl.
lurch « a certain concluding state of the score, in which one player is enormously ahead of the other » et aussi, du point de vue opposé « a disconfiture »
NED). B a d'autre part subi l'attraction de
bredouiller p. anal. avec l'aspect embarrassé des personnes qui parlent indistinctement.