BRAVE, adj. et subst.
ÉTYMOL. ET HIST. − [Av. 1521 subst.
brave « spadassin », v.
bravo; l'adj. n'est pas attesté dans le
Bon Berger de J. de Brie, comme le croit
Quem. : les éd. du
xvies. de cette œuvre (dont le ms. de 1379 est perdu) donnent
vraye là où P. Lacroix, éditeur du
xixes., a lu
brave (d'apr. E. von Kraemer dans
Actes du 4eCongrès des Romanistes Scandinaves, Copenhague, 1967, p. 80)];
1. apr. 1535 « beau » (
N. de Troyes,
Grand Parangon, 51 dans
Hug. : pompeuses et
braves robes);
2. 1541 « fier, arrogant » (
G. de Selve,
Huict Vies de Plutarque, Coriolan, 84 r
o,
ibid. : jeunes gens
braves et ostentateurs);
3. av. 1544 « bon » [en parlant d'une pers.] (
Marot,
le Balladin, ibid.) qualifié de ,,familier`` dep.
Trév. 1704;
4. av. 1544 « noble » (
Marot,
Chants divers, 13,
ibid. :
brave origine);
5. 1549 « courageux » (
M. Scève,
Relation de l'Entrée triomphale de Henri II à Lyon dans
A. Baur,
Maurice Scève et la Renaissance lyonn., Paris, 1906, p. 95).
Empr., en raison du caractère italianisant des 1
ersaut. fr. attestant le mot (N. de Troyes, Rabelais, G. de Selve), à l'ital.
bravo, attesté dep. 1346-67 (au sens de « courageux », Fazio dans
Batt.; au sens d'« arrogant », av. 1529, Castiglione,
ibid.; au sens de « bon », dep. 1555, Varchi,
ibid.; également « sauvage, indompté [en parlant d'un animal] », dep. le
xves., Pulci,
ibid.), lui-même prob. empr., plutôt qu'à l'esp. (v.
DEI et
Cor.,
s.v. bravo), au prov.
brau « sauvage » (dep. la 2
emoitié du
xies.,
Chanson de Ste Foy d'Agen, 455 dans E. von Kraemer,
loc. cit., p. 76). Le prov., de même que le cat.
brau dep. 1284, d'apr.
Alc.-Moll., le port.
bravo (dep. 1124 d'apr.
Mach.,
s.v. barbaro) et l'esp.
bravo (dep. 1030, doc. de León d'apr.
Cor. et
Menéndez Pidal,
Origenes del español, 1964, p. 325), sont prob. issus du lat.
barbărus, d'abord « barbare » (v. ce mot) puis « fier, sauvage » en parlant des animaux (Pline dans
TLL s.v., 1740, 31, d'où esp.
bravo appliqué au taureau et prov.
brau « taureau », v.
brau2), « sauvage » en parlant des plantes (
Id.,
ibid., 28) et « inculte » en parlant de sols (en lat. médiév., v. attest. du domaine port. citées par J. Cornu dans
Romania, t. 13, p. 112), devenu *
barbru, puis par dissimilation *
babru, d'où *
brabu par translation du 2
er (v. J. Çornu,
loc. cit., pp. 110-113,
Cor. et
EWFS2). Cette étymol., proposée d'abord par J. Cornu, est reprise par tous les dict. étymol. modernes (
REW5,
EWFS2,
FEW, Bl.-W.5,
Cor.,
DEI) et par P. Aebischer dans
R. port. Filol., t. 6, pp. 37-50. Se fondant sur des formules du Léon où le lat.
pravus a le sens de « inculte » ou « sauvage »,
Menéndez Pidal,
loc. cit., propose de voir dans ce mot l'orig. du mot rom., mais
pravus représente prob. ici une fausse latinisation de
bravo, très anc. sur le sol ibérique (
cf. le topon.
Costa Brava; v. aussi
Cor., G. Rohlfs dans
R. Ling. rom., t. 21, p. 308 et E. H. Tuttle dans
Language, t. 7, pp. 213-214). L'hyp. de G. G. Nicholson dans
Mél. Roques, t. 1, 1950, pp. 209-216, qui voit dans
bravo un b. lat.
bravus, latinisation du galicien
brau, représentant un *
branus issu de l'a. fr.
brahain (fém.
brehaine, fr. mod.
bréhaigne*) « stérile », est invraisemblable.