BORDE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1172-75 « petite maison, cabane » (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, 3781 dans T.-L.), sens encore noté dans les dict. du
xviies. (
Nicot, Cotgr.) et notamment dans le syntagme
ne bourde, ne maison (
Trév. 1704-1771);
2. 1531 « métairie, ferme » (
Marot,
Complaintes, IV, éd. p. Jannet, II, p. 262);
cf. 1606,
Nicot ,,Il se prend aussi en aucunes contrées de ce Royaume pour une ferme.``
De l'a. b. frq. *
borda, plur. neutre de *
bord « planche », avec valeur de collectif au sens de « maison de planches ». L'a. b. frq. *
bord, subst. neutre, se déduit du got.
(fotu-)baurd « petit banc, tabouret », a. nord., a. isl.
bord, vieil angl., a. fris., a. sax.
bord, m. b. all.
bort « planche, table », tous subst. neutres (
Feist,
s.v. fotu-baurd;
De Vries,
Anord.); le sens de « planche » est passé dans le subst. masc. a. fr.
bort (
Wace,
Rou, 6358 dans T.-L.), issu de la forme masc. corresp. (
bordus; v.
CGL t. 3, p. 586, 10 et Kluge dans
Archivum romanicum, t. 6, 1922, p. 302); pour les rapports entre l'a. b. frq *
bord « bord d'un navire » et *
bord « planche », v.
bord. Le mot est attesté dans le lat. médiév.
borda, fém., dès 927 en domaine poitevin, au sens de « tenure de bordier » (
De Monsabert,
Ch. de Nouaillé, n
o44, p. 79 dans
Nierm.); dès 1179, le mot est parvenu dans le domaine d'oc : a. prov.
borda « métairie » (1179 Comminges dans
Brunel t. 1, p. 160). Cette hyp. d'une orig. commune du fr. et du prov. semble préférable à celle de deux empr. indépendants et à peu près contemporains faits, l'un au frq., l'autre au got.; à l'époque mod., le mot se trouve toujours solidement implanté dans le domaine prov. (
Mistral :
bordo) et dans certains dial. de l'Ouest (ang.,
Verr.-On.; norm.,
Dum.) et du Centre (
Jaub.); le sens 2 s'est prob. développé au
xvies., sous l'infl. du provençal.