BONACE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − Début
xiiies.
bonace (Mir. de Sardenai, 181 dans
Gdf. Compl.); av. 1266
bounasse (Assises de Jérusalem, chap. 46 dans
Jal1,
s.v. bounasse); début
xives.
bonasse (Gestes des Chiprois, II, Hist. armen. des crois., VI, 710 dans
Gdf. Compl.); 1402
id. (
Conquête des Canaries dans
Jal1); 1606
bonace et
bonasse (
Nicot); noté comme ,,tombé en désuétude`` par
Jal1.
Du lat. vulg. *
bonacia, altération d'apr. l'adj.
bonus « bon », du lat.
malacia « calme de la mer » pris pour un dér. de
malus « mauvais », et qui est en réalité emprunté au gr. class. μ
α
λ
α
κ
ι
́
α « faiblesse de constitution, mollesse, manque d'énergie » (Vidos dans
Z. fr. Spr. Lit., t. 58, 1934, pp. 448-449 et dans
Mélanges Fouché, Paris, 1970, pp. 45-49). L'a. prov., l'a. cat., l'a. port., l'esp., l'ital. (début
xiiies. lat. médiév.
bonacia, Buoncompagno, chroniqueur de Florence, dans
Du Cange t. 1, p. 697a) sont eux aussi directement issus du lat. vulg. Étant donné l'ancienneté du mot dans l'ensemble de la Romania, cette hyp. semble préférable à celle d'un empr. à l'ital.
bonaccia (Vidos dans
Archivum romanicum, t. 14, 1930, p. 136), non attesté d'ailleurs dans la lang. littér. avant Dante au sens de « beau temps » et avant le
xives. au sens de « calme de la mer » (
Batt.); seule, la forme fr.
bonache 1552 (
Rabelais,
Quart livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 361) est le reflet de l'ital.,
Sain. Lang. Rab. t. 1, p. 116 (de même que la forme
bounasse av. 1266
supra, pourrait être celui du prov., dont la forme
bounaço est notée par
Mistral).
Contestant, entre autres, le caractère pop. du lat.
malacia, Keller dans
FEW t. 6, 1, pp. 78-80 et dans
R. Ling. rom., t. 23, 1959, pp. 287-292 voit dans les mots rom. des dér. du lat.
bonus (même hyp. déjà formulée par
Diez5, p. 58), à travers soit l'a. génois
bonaza (bonaccia), xiiies., soit l'a. prov.
bonassa, le subst. a. prov. fém.
mar « mer » étant sous-entendu; Vidos dans
Mélanges Fouché, loc. cit., écarte ces intermédiaires compte tenu de l'égale ancienneté du mot dans l'ensemble de la Romania et justifie le caractère pop. de
malacia en lat. chrétien.