BLOND, ONDE, adj. et subst.
Étymol. ET HIST. − A.− 1. Subst.
ca 1100
blund « personne dont les cheveux sont d'une couleur entre le doré et le châtain clair » (
Roland, éd. Bédier, 1904); 1164
blond (
Chr. de Troyes,
Erec et Enide, 424 dans T.-L.); 1680 (
Rich. :
Blond. Ce mot se dit des cheveux); d'où les expr. fam. ou arg.
a) fém. 1584
faire la blonde « prendre soin de soi-même; se parer » (
François d'Amboise,
Les Neapolitaines, II, 1 dans
Hug.); 1831 « maîtresse » (
Monnier,
Vocab. jurassien dans
Larch. 1872, p. 53);
b) masc. 1847 (
Dict. de l'arg. ou la Lang. des voleurs dévoilée, p. 243 : soleil ... beau
blond);
2. adj. 1160 « qui a les cheveux blonds » (
B. de Ste-Maure,
Troie, 5122 dans T.-L.);
ca 1200 « dont la teinte est d'une couleur entre le doré et le châtain (des cheveux) » (
J. Bod.,
Saisnes, V dans
Gdf. Compl.).
B.− 1. p. ext. 1336 adj. « se dit de ce qui est jaune doré »
pain blon (
Ex. test. Nicolas de Seclin, Arch. Ty.,
ibid.);
2. a) 1364 subst. masc. « espèce de drap » (
Prost,
Inv. mobil. d. ducs de Bourg., i, No 316 dans
Barb. Misc. 13, 1936-38, p. 15);
b) 1740 subst. fém. (
Ac. :
Blonde. Espèce de dentelle de soie);
3. 1561 subst. fém. bot. « bouillon blanc » (
Du Fouilloux,
Venerie dans
Gdf.);
4. 1778 subst. art culin.
blond de veau (
Menon,
Les Soupers de la cour, Paris d'apr.
FEW t. 15, 1, p. 171a);
cf. 1831 (
A. Viard,
Le Cuisinier royal, p. 10);
5. 1882 « verre de bière blonde » (
Figaro dans
G. Fustier,
Suppl. au dict. de la lang. verte d'A. Delvau, 1883, p. 498).
Parce que ce terme a dû être utilisé par les Romains pour désigner la couleur des cheveux des Germains et que de nombreux noms de couleurs sont d'orig. germ. (v.
blanc, bleu, brun, fauve, gris, etc.), il est prob. issu, de même que l'ital.
biondo et l'a. prov.
blon, du germ. *
blunda- (
FEW t. 15, 1, p. 170b) bien que celui-ci n'ait aucun correspondant dans les lang. germ. (
Brüch, p. 65, 101, 176-177); d'apr.
Kluge20, le mot serait à rapprocher de l'anc. indien
bradhńa- « rougeâtre », v. aussi G. E. Karsten dans
Beiträge zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur, t. 17, 1893, p. 576. Le mot a dû être véhiculé par le lat. vulg., bien qu'aucune trace de correspondant lat. ne soit relevée av. le mil. du
xiies. (
Mittellat. W. s.v.; v. aussi F. Kluge dans
Z. rom. Philol., t. 41, p. 679). L'all. mod.
blond (dep. 1676,
Kluge20) est empr. au fr. L'hyp. d'un étymon frq. *
blond, blund (EWFS2) supposerait un empr. de l'ital. (dep. Dante,
DEI) au français.