BLEU, BLEUE, adj. et subst. masc.
Étymol. ET HIST. − A.− Adj. 1. a) ca 1121 « de couleur pâle, blanchâtre, livide »
rocheit blef « liais » (
S. Brandan, éd. E. G. R. Waters, 264); 1226
face bleve (
G. Le Clerc,
Trois Mots, 196 dans T.-L.);
b) 1718 (
Ac. :
Bleu. En parlant De certains espanchements de sang qui surviennent à la peau, se prend quelquefois pour livide, plombé), d'où subst.
infra;
2. ca 1150
blef « qui est de la couleur du ciel quand il est pur » (
Thèbes, 4061 dans
Gdf. Compl. : Li paisson qui tienent le tref Sont de color vermeil et
blef); 1164
blöe (
Chr. de Troyes,
Erec et Enide, éd. W. Foerster, 1601 dans T.-L.);
xiie-
xiiies.
bleu (
Lapidaire de Modène, éd. P. Pannier, Paris, 1889, vers 106).
B.− Subst. 1. 1180-1200 « couleur bleue » (
Mort Aym. de Narb., 174 dans
Gdf. Compl. : Tote la char li revertist en
blef); 1577 « matière colorante » (
Privil. des .XXXII. bons mét. de Liège, II, 321, 35,
ibid. : Bois de Provence, qu'on dist
bois de bleu); d'où
a) 1718 art culin.
au bleu (Ac.);
b) 1851 « vin rouge de mauvaise qualité »,
supra;
c) 1928 « sorte de fromage »
(Lar. 20e);
2. 1254 « tissu bleu » dans
FEW t. 15
1,
s.v. *
blāo; d'où 1791 « conscrit » (d'apr.
Brunot t. 9, p. 994);
3. 1863 « marque livide sur la peau, consécutive à un coup » (
Littré : Il lui fit des
bleus en le pinçant fortement).
De l'a.b.frq. *
blāo «
id. » (
Brüch, pp. 32-33;
Walt., p. 80;
REW3, n
o1153;
Bl.-W.5;
Dauzat 1968;
FEW t. 15, 1, pp. 146-150;
EWFS2), à rapprocher de l'a.h.all.
blāo, blāwēr, a. sax.
blāo, a. nord.
blār (
Kluge20,
s.v. blau) cité au
vies. sous la forme du b. lat.
blavus par
Isidore,
Orig., 19, 28, 8 dans
TLL s.v., 2052, 36. Les formes a. fr.
blo(e), blou s'expliquent à partir de la forme primitive
blāo, la forme
bleu provient du type *
bláwu par l'intermédiaire de *
blę̄wu. Blef est une forme masc. refaite sur le fém. a.fr.
blève (de *
blę̄wa).