BLANC, BLANCHE, adj. et subst.
Étymol. ET HIST.
I.− Adj. A.− 1. a) 950-1000 « de la couleur de la neige, sans aucune teinte »
blanc vestimenz (
Passion de Clermont-Ferrand, 396, éd.
D'Arco Silvio Avalle, p. 119);
b) 1174 « vêtu de blanc » relig.
freres blancs (
G. de Pont-Sainte-Maxence,
Vie de Saint Thomas, 1966 dans T.-L.);
2. ca 1100 « brillant et de la couleur de l'argent » (
Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 2316); d'où
armes blanches (v.
arme).
B.− Absence de qqc. 1. a) 1172-75 « peu ou pas coloré »
vin blanc (
Chrétien de Troyes,
Chevalier à la Charette, éd. M. Roques, 991) et en partic.
b) xives. « pâle »
blanc de paour (
Froissart, II, III, 13 dans
Littré);
2. a) [
ca 1180 a.flam. « non terni, propre » (d'apr.
FEW t. 15, 1, p. 138b)];
xvies. «
id. »
main blanche (
D'Aubigné,
Trag., V dans
Gdf. Compl.);
b) 1678-79 « innocent » (
La Fontaine,
Fables, VII, 1 dans
Littré) [c'est le subst. au sens de « dupe » qui est attesté dans le jargon de la Coquille chez Villon (
P. Guiraud,
Le Jargon de Villon, Paris, Gallimard, 1968, p. 50) et non pas l'adj. comme l'indique
FEW t. 15, 1, p. 139a].
II.− Subst. A.− 1. Ca 1100 « couleur blanche » (
Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 1934);
2. ca 1340 « matière colorante blanche »
blanc d'Espaingne (
Dialog. fr.-flam., f
o7c dans
Gdf. Compl.);
3. a) xvies.
à blanc « jusqu'à devenir blanc » (
Amyot,
Pomp. 99 dans
Littré : [...] leur harnois
fourbis à blanc).
B. − 1. a) Ca 1210 « partie blanche de l'œil » (
Raoul de Houdenc,
Meraugis de Portlesguez, 4726 dans T.-L. : Ovri les ieuz, si l'esgarda Mout fierement, et en poi d'ore Li retorna li
blans desore. Un plaint giete, si s'en revet);
b) ca 1256
li blans des iex (
Aldebrandin de Sienne, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 48, 8);
c) ca 1265
li blans d'un uef (
Brunet Latin,
Le Livre du Trésor, 112 dans T.-L.);
d) [
xives. d'apr.
FEW t. 15, 1, p. 145a] 1534
blanc de chappon (
Rabelais,
Gargantua, I, 39 dans
Littré);
2. ca 1230 « étoffe blanche » (
Guillaume Le Clerc,
Fergus, 16, 13 dans T.-L. : unes braies de
blanc) −
xives.,
E. Deschamps,
Poés., éd. G. Raynaud, 9, 43; 1866 comm.
Magasin de blanc (Lar. 19e); 3. a) 1306 « marge, partie non écrite » dans
Du Cange,
s.v. album;
b) 1657
en blanc « se dit d'un document où les termes essentiels sont laissés en blanc » (
Pascal,
Prov. 17 dans
Littré);
c) 1751 typogr.
(Encyclop.); 4. a) 1507-08 « espace blanc du centre d'une cible » d'où « but » (
Eloy d'Amerval,
Le Livre de la Deablerie, éd. Charles-Fréd. Ward dans
IGLF : Je vueil que tu frappes au
blanc); 1540 « cible » (
B. de La Grise, trad. de
Guevara,
L'Orloge des Princes, II, 33 dans
Hug.) d'où
b) 1690
de butte en blanc (
Fur.) au propre et au fig. v. aussi
but. 5. 1678-79 « homme de race blanche » (
La Fontaine, éd. A. Régnier,
Gds Ecrivains de France, t. 10, p. 96).
Du germ. *
blank « blanc » (
Brüch, p. 68, 100;
REW3, n
o1152;
FEW t. 15, 1, p. 146) à rattacher à l'ags.
blanca et à l'a. nord.
blakkr « pâle, blanc tirant sur le jaune (surtout d'un cheval) » (
De Vries Anord.); le germ. est directement passé dans les domaines gallo-rom. (a. prov.
blanc, xiies. dans
Rayn. t. 1, p. 222) et ital. (lat. médiév.
blancus, ca 942 dans
Arnaldi,
Latinitatis italicae medii aevi lexicon, 1939; it.
bianco xiiies. dans
DEI); l'a. cat.
blanc (1176 dans
Alc.-Moll) est de même plus prob. issu directement du germ. qui empr. à l'a. prov.; ainsi l'aire géogr. du mot exclut l'hyp. d'une orig. frq.
Cf. les nombreux termes de couleur empr. au germ., v.
bleu, blond, brun, fauve, gris; d'apr.
Brüch,
loc. cit., blanc aurait été comme ces 3 derniers termes, employé par les soldats germains pour qualifier les chevaux. Il a éliminé les 2 adj. lat.
albus « d'un blanc mat » et
candidus « d'un blanc éclatant ».