BERNIQUE, interj.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1725 arg.
brenicle (
Granval,
Cartouche, gloss. dans
Sain. Lang. par., p. 77 :
Brenicle, rien, non); 1756
bernique (
J.-J. Vadé,
Nicaise, p. 62 : [M
meClément :] Mais sçachons donc pour quel motif vous ne voulez plus de ma nièce ...
Julien, Bernique, J'aime st'objet charmant.
Nicaise, ça Manzell'Angelique [?]).
Orig. obsc.; l'hyp. la plus vraisemblable est celle d'une forme normanno-pic., dér. de
bren, bran* « excrément, ordure » lui-même empl. comme interj. dep. le
xves.; à rapprocher des dér.
emberniquer, déberniquer ... (berniquet*
), répandus dans le Nord-Ouest et le centre de la France; un croisement est possible avec d'autres interj. d'un emploi similaire au
xvies. :
brique euphémisme pour
bren (
Hug.) et
nique* (J. Orr, v. bbg.);
Sain. Lang. par., p. 77,
P. Guiraud,
L'Arg., p. 24 et K. E. M. George dans
Fr. Mod., t. 38, p. 309 voient dans
bernique le même mot que
bernicle* « coquillage » d'où « objet sans valeur », mais cette hyp. est rejetée sans doute avec raison par
EWFS2et J. Orr; il en est de même pour celle de L. Spitzer dans
Z. rom. Philol., t. 42, p. 193, qui rattache
bernique au nom d'un jeu de cartes connu en Picardie : jeu de
barnik ou
bernik, sorte de jeu de drogue (qui aurait désigné primitivement les coups donnés avec le jeu de cartes sur les doigts du perdant : le perdant ayant
bernique « rien » au lieu du gain espéré) rapproché lui-même de
bernicles « instrument de torture » du
xiiies. (
Joinville,
S. Louis dans
Gdf.), et de
bericle, besicles* « lunettes ».