BERLUE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − a) xiiies.
bellue « fable, discours merveilleux destiné à aveugler l'esprit » (
Rutebeuf, I, 295 dans T.-L. : Ele li dist tan de
bellües, De truffes et de fanfelües, Qu'ele li fet à force entendre Que le ciel sera demain cendre), attest. isolée;
b) 1536
berlue (Nicolas de Troyes d'apr.
Lar. Lang. fr.); 1596 (
Hulsius,
Dict. françois-alemand et alemand-françois, d'apr. Behrens dans
Z. fr. Spr. Lit., t. 23, p. );
c) 1828
brelue (
F. Vidocq,
Mémoires de Vidocq, t. 2, p. 351).
Orig. obsc.; − soit (hyp. de
Diez5) déverbal de
belluer xives. « éblouir » (
Lefevre,
Lamentations de Mattheolus dans T.-L.) [l'attestation fournie par
Gdf.,
Vers de la mort, est erronée
cf. éd. Wulff et Walberg, III, 8] lui-même formé du préf. péjoratif
bes-, lat.
bis (
cf. bellonc pour
beslonc, v.
barlong;
bellourd pour
beslort, v.
balourd) et de
-lucare d'apr. les verbes lat. dér. de
lux « lumière » :
interlucare, sublucare;
cf., de même orig., l'a. fr.
esluer « glisser, s'évanouir ». (
Vers de la mort, III, 8)
erlue « tromperie » (
Renart, éd. Martin X, 1384 dans
Tilander,
Lexique Renart), de même l'a. fr.
tresluer « tromper » (
xiiies.? dans
Gdf.),
treslue (
Renart, éd. Martin, I, 2018), formes citées sous l'étymon
lux par
FEW t. 5, p. 478 b; à rapprocher aussi, du point de vue morphol., de la loc. ital.
a barluzzo « de jour et de nuit »
(DEI) − soit, plus prob., parce que cette hyp. rend mieux compte de l'ensemble de cette famille, v.
bluette (Schuchardt dans
Z. rom. Philol., t. 28, p. 143;
FEW, s.v. pompholyx), d'un lat. vulg. *
bisluca, forme issue à la fin de l'Empire, par substitution du préf.
bis- à la syll. initiale du b. lat.
famfaluca (a. fr.
fanfelue dep. le
xiies. dans T.-L.;
cf. aussi ex. de Rutebeuf
supra) v.
fanfreluche; en cette hyp.
belluer est dér. de
bellue, ce qui est plus en accord avec la chronologie des attestations.
Brelue par métathèse pop. L'hyp. d'une orig. gaul. proposée par
EWFS2semble peu solide.