BAILE2, BAÏLE, BAYLE2, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − [
Ca 1180
bail « celui qui dirige, qui administre » (
Antioche, éd. P. Paris, I, 21 ds T.-L. : chascuns soit obëis A dant Pieron l'ermite, qui vous est
baus et guis);
ca 1207 « gouverneur, régent » (
Villeh., 385, Wailly ds
Gdf.,
s.v. bail : Fu receuz Henris en la seigneurie comme
baus de l'empire); 1288 « tuteur » (
Renart le nouvel, 2312, éd. Méon,
ibid. : Et si aquerrai un los tel Dedans un an, que se moroit Li rois, que on de moi feroit Souvrain bailliu, et si seroie
Baus des enfans);
Fur. 1690 note encore ,,on a appelé aussi autrefois
bail un mari, parce qu'il a la tutelle et administration des personnes et biens de sa femme``;
bail jusqu'au
xvies. (
Cotgr. 1611 au sens de tuteur)]
1. 1592
bayle « administrateur d'un territoire » (
Monluc,
Commentaires, 1. VII ds
Hug. : Pour le bien, j'en ay prou : il est vrai que si j'eusse esté nourry en l'escole du
bayle de Lesperon, j'en eusse davantaige ... Sur le grand chemin le
bayle avoit faict bastir une très belle maison); 1605
baille «
id. » (
Le Loyer,
Hist. des Spectres, VI, 13,
ibid.);
baile (
Cotgr. 1611); en partic.
a) 1704 (
Trév. :
Baile [...] Ce mot se dit aussi dans le Languedoc et dans le Roussillon, et signifie une sorte de Juge Royal [...] On prétend assujettir les enrôllez au payement des entrées, quand les Consuls ou les
Bailes l'ordonnent);
b) 1751 dr. (
Encyclop. t. 2 :
Baile [...] usité particulièrement en Béarn, où il se dit de certains huissiers subalternes qui ne peuvent exploiter que contre les roturiers à la différence des veguers qui exploitent contre les gentilhommes); 1752 (
Trév. :
Baile ou
Bayle étoit aussi un Officier des anciens Dauphins, préposé à la recette de leurs droits seigneuriaux);
c) 1838 hist. eccl. (
Ac. Compl. 1842 :
Baile ou
Bajule. Titre de dignité ecclésiastique, s'est dit de L'official des évêques et des abbés. Dans les monastères, il se disait Du procureur; et Du religieux qui remplissait les fonctions de moniteur);
2. a) 1867 (
Lar. 19e:
Baile [...] On nomme encore ainsi, en Provence, le chef des bergers employés à la garde d'un même troupeau);
b) 1928 (
Lar. 20e:
Baile [...] Maître-valet, dans les métairies du midi de la France).
1 peut-être empr. à l'a. prov.
baile, baille « officier chargé d'une administration » :
baile 1140 (
Acquisition par Peire Girau Raspau pour le prieuré de St-Jean d'Aureil ds
Brunel 1926, p. 41);
baille 1176 (
Accord entre E. de Maur, prieur de l'église de St Antonin, et Fort Sanz, baile et maître de la maison du Temple dans le pays, ibid., p. 139); du lat.
baiulus « porte-faix » en lat. class. (
Plaute,
Poen., 1301 ds
TLL s.v., 1686, 70); en lat. médiév. « tuteur » (
viies.,
Fredeg. lib. 4c. 86,
Scr. rer. Merov., II, p. 164 ds
Nierm. t. 1); « gouverneur » (
Desjardins,
Cart. de Conques, p. 157, n
o182 [a. 937],
ibid.); fréquemment attesté dans des emplois relig. (
Du Cange,
s.v. bajulus2). 2 empr. au prov. mod.
baile « maître, chef des travailleurs » :
baile-pastre « chef des bergers d'un grand troupeau » (
Mistral), de même orig. que
1. [L'a. fr.
bail est directement issu du latin].