BASTRINGUE, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − 1. a) 1794 « air populaire de contredanse » (
Lar. 19e: Le 21 janvier 1794, un an après l'exécution de Louis XVI, les spectacles jouèrent gratis « de par et pour le peuple, en réjouissance de la mort du tyran ». On alla danser autour de l'échafaud, on y revint les jours suivants, et c'est pour ces farandoles que l'air du
Bastringue des départements fut composé);
b) 1800 « bal, cabaret dansant » (
Chanson d'apr.
Esn. : aller au
bastringue); d'où 1866 p. ext. « dispute » et « vacarme » (
supra A2);
2. a) 1799 technol. « machine à imprimer les toiles au cylindre » (
Sain. Lang. par., p. 187 : Nom donné en 1799 par les ouvriers de la manufacture de toiles peintes de Jouy, dirigée par Oberkampf, à une nouvelle machine construite par Samuel Widmer, neveu d'Oberkampf, d'après les modèles anglais : « M. Oberkampf fut le premier à construire par un calcul exact que le produit du
bastringue [nom donné par les ouvriers à la nouvelle machine] représentait le travail de 42 graveurs »);
b) 1821 arg. « lime fine » (Ansiaume d'apr.
Esn.);
c) 1900 arg. (
Nouguier,
Notes manuscrites interfoliées au Dict. de Delesalle, p. 29 :
Bastringue [...] = Bataclan − bagage, effets mobiliers, ustensiles de ménage).
Orig. inc.; la finale du mot suggère une orig. germ. L'étymon néerl.
bas drinken « boire fortement » (
REW3, n
o970a) fait difficulté, ce syntagme ne se trouvant d'apr.
Valkh., p. 55 dans aucun des grands dict. néerl. ou dialectaux, ce qui prouverait que, même s'il a existé, il n'a jamais été populaire. L'hyp. d'un emploi p. plaisant. à partir de
bastringue 2 a « machine à imprimer les toiles » (
Sain. Lang. par., pp. 187-189) fait difficulté du point de vue chronol. : il est au contraire probable que le mot
bastringue préexistant et désignant la danse tapageuse a servi à dénommer la nouvelle machine en raison du bruit qu'elle faisait.