BARDEAU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1358-59 constr. « planche mince empl. pour couvrir les toits » (
Comptes municipaux de Tours, éd. Delaville-Le-Roulx, I, 141 dans
Barb. 15, n
o4 : Pour porter late et
bardeau au portail de la Riche);
2. 1803 arg. typogr. (
Boiste). Orig. obsc. L'hyp. couramment proposée d'une dér. de
barde* « selle » (
FEW t. 19, p. 23) suppose le sens de « planche » directement issu de celui de « selle » (ce dernier impliquant une idée d'étroitesse et de minceur), étant donné que
bardeau au sens de « armure faite de lames de fer » est seulement attesté au
xves. L'hyp. d'un étymon germ. (
Barb. Misc. 15, n
o4) représenté par le m. néerl.
bert, bart « planche, panneau, plaque de bois » [
Verdam] suppose l'existence d'une forme d'a.fr. intermédiaire non attestée *
bard « planche » d'où serait dér.
bardeau. Les représentants de *
bard dans le domaine gallo-rom. ne révèlent jamais le sens « planche de bois », mais régulièrement celui de « boue; dalle à paver », et sont principalement issus du domaine prov. : a. prov.
bart « boue, limon, bauche; dalle à paver » (
Levy,
Petit dict. prov.-fr., 3
eéd., 1961), m.fr.
barder « paver » (1427 dans
Gdf.); ils semblent sans rapport avec
bardeau (
FEW t. 1, p. 263b,
s.v. *
barrum « limon »). Il reste que la selle, aussi bien que la dalle à paver, comme le bardeau, servent à couvrir, et que dans le cas de l'hyp. d'un étymon germ. on se réfère aussi au domaine du bâtiment. Même objection sur le plan sém. à l'hyp. du
EWFS2, selon laquelle
bardeau serait dér. d'un a.fr. *
bard (dont l'existence est fondée sur les mêmes témoins que dans l'hyp. précédente), issu lui-même du lat. vulg. *
bardum, d'orig. gaul. L'hyp. d'un étymon a.nord.
bardi « sorte de navire » [
De Vries Anord.] proposée par De Gorog (
The Scandinavian Element in French and Norman, 1958, p. 64, n
o5) ne peut convenir du point de vue sém. que pour le sens « train de bois flotté »
(Lar. 19e) qui est attesté bien trop tard pour remonter à cette origine.