BARBOTER, BARBOTTER, verbe.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.− Fin
xiie-début
xiiies. « parler entre ses dents, mal prononcer » (
Job, 340, 25 dans T.-L. : Mais par ce ke nos par parfite parole nel pöons espresseir, si lo sonons, coment ke soit, solunc la maniere de nostre humaniteit,
barbotant et encombreit d'enfantine floibeteit) −
xviiies., les dict. postérieurs ne citant que des ex. du
xviiies.; 1845 (
Besch. :
Barboter. Ne savoir ce que l'on dit, avoir perdu le fil du discours, la liaison de ses idées, déraisonner).
II.− 1. Ca 1220
borbeter « s'agiter dans la boue » (
Gautier Coinci,
Miracles, éd. V.F. Koenig, t. 3, p. 190, v. 634 : Et bien
borbete en ort borbier Qui tel borbier va
borbetant); 1611
barboter (
Cotgr.); 1798 (
Ac. :
Barboter ... Marcher dans la boue humide s'y crotter);
2. arg.
a) 1561
barbetter « fouiller » (Rasse des Nœuds dans
Esn. : Je embye a
barbetter les tires), attest. isolée; repris début
xixes.
barboter (
F. Vidocq,
Les Voleurs, p. 294);
b) 1843 « dérober, voler » (
Chanson dans
Esn. : Tous deux en braves nous
barbottions); 1865 (L. L.,
Goualante de la Courtile, Loos dans
Rossignol,
Dict. d'arg., 120 : On l'saigne [a pantre], on l'frotte ... On lui
barbote tout ce qu'il a);
3. emplois techn. 1831 mar. (
Will.); 1865 chim. (
Littré-Robin).
Orig. incertaine, I dér. de
barbe1* (
cf. parler dans sa barbe), suff.
-eter*
, -oter*; II variante de
bourbouter « patauger » (
ca 1220
G. de Coinci,
Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, t. 3, p. 190, v. 642 : Plongiez et emborbez sera, Toz jors com boz
borboutera), peut-être dér. de
bourbe* (suff.
-oter*) soit p. infl. de
barba pour la forme, soit plutôt par dissimilation (Schuchardt dans
Z. rom. Philol., t. 34, p. 217), les formes du type
borboter étant encore attestées dans les dial. (
FEW t. 1, p. 443a); mais il est certain que très tôt les deux mots se sont mutuellement influencés pour le sens et la forme. L'hyp. proposée pour I par E. Herzog dans
Z. rom. Philol., t. 33, p. 476 d'une racine onomatopéique (
cf. lat.
ballus) avec infl. de
barbe1* p. étymol. pop. n'est pas invraisemblable. Beaucoup moins plausible est l'hyp. proposée par le même auteur pour II qui serait issu de
bourbe* avec infl. de
barbote*, poisson, lui-même dér. de
barbe1*. À l'hyp. de P. Marchot dans
Rom. Forsch., t. 10, p. 579 selon laquelle I et II seraient issus des deux sens corresp. de l'a. fr.
barbeter, le sens de « bredouiller » étant issu de celui de « fouiller dans la boue », s'oppose le fait que
bourbeter « bredouiller » n'est attesté que tardivement (
xives.
Gloss. lat.-fr., Richel, 1. 4120, f
o122 v
odans
Gdf. : Balbucio, bourbeteir).