BARBE1, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.− A. Ca 1040 « poils du menton et des joues » (
Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 82a dans T.-L. : la
barbe chenude);
B. p. ext. fin
xves.
en barbe « face à face » (
J. Molinet,
Chron., ch. CCVI dans
Gdf. Compl. : Et galopperent tant qu'ils se trouverent
en barbe contre les Franchois) d'où 1690 artill.
tirer le canon en barbe (
Fur.);
xvies.
à la barbe de quelqu'un (
Calvin,
Serm. s. le Deutér., p. 304
bdans
Gdf. Compl.); 1676 grav. numism. (
A. Félibien,
Des Principes de l'archit., ..., p. 488 :
Barbes qui demeurent aux Flancs des Monnoyes); 1680 (
Rich. :
Barbe. Ce mot se dit abusivement en parlant d'épis de blé, et de certains animaux comme des chats. La
barbe d'un épi.
Barbe de chat).
II.− A. 1702 arg. de l'impr. (
Duprine,
Misère des apprentis imprimeurs, Paris dans
L. Radiguer,
Maîtres Imprimeurs et ouvriers typographes [1470-1903], Paris, 1903, p. 404 :
avoir la barbe ou
prendre la casaque se dit d'un sac-à-vin qu'un autre ivrogne attaque, Et qui perd dans le vin le sens de la raison); à rapprocher de l'expr. citée dans
Le Roux,
Dict. comique, 1718, p. 44 :
Faire danser Sainte barbe, signifie qu'il faut traiter, soûler les gens, des suffrages desquels on a besoin.
B. 1866
faire la barbe « ennuyer » (d'apr.
Esn.); 1881
barbe « chose ennuyeuse, ennui »
(Ibid.).
I empr. au lat.
barba « barbe [en parlant d'un homme] » (
Plaute,
Bacch., 1101 dans
TLL s.v., 1725, 12), en parlant d'animaux (
Virgile,
Georg., 3, 366,
ibid., 1727, 26); en bot. (
Pline,
Nat., 15, 89,
ibid., 1727, 51). II A prob. dér. de I bien que le rapport sém. soit obscur (v.
Esn.); II B idée exprimée par le geste de la main sur le visage, v.
barber et
barbifier.